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La campagne de communication du Conseil de l’Europe célébrant la diversité et “la liberté dans le hijab” continue de faire polémique en France. L’exécutif a dénoncé mercredi une “démarche identitaire”, et demandé son retrait des réseaux sociaux, accordé par l’organisme. La gauche universaliste, la droite et l’extrême droite, à l’image de Marine Le Pen ou d’Eric Zemmour, ont également critiqué cette opération cofinancée par l’Union européenne. 

La campagne proposait des portraits de plusieurs jeunes femmes, voilées sur une seule moitié de l’image. “La beauté est dans la diversité comme la liberté est dans le hijab”, pouvait-on y lire. “A quel point le monde serait-il ennuyeux si tout le monde se ressemblait ?”, était-il écrit sur d’autres. 

Dans une enquête, l’hebdomadaire Marianne (à lire, NDLR FDS)  a évoqué des liens entre l’organisation transnationale islamique des Frères musulmans et l’une des associations à l’origine de la campagne, le Femyso, le Forum des organisations européennes musulmanes de jeunes et d’étudiants. Faut-il y voir du lobbyisme en faveur du voile ? Sans aucun doute, selon la journaliste Chantal de Rudder, auteure d’une longue enquête sur cet habit, “Un voile sur le monde” (Editions de l’Observatoire), paru en début d’année. 

L’Express : Comment avez-vous accueilli la récente campagne du Conseil de l’Europe sur le voile ? 

Chantal de Rudder : Avec ahurissement, comme beaucoup de Français. Le Conseil de l’Europe, en charge des normes juridiques européennes, n’est pas du tout dans son rôle ! Comment ne pas soupçonner dans cette campagne l’influence des lobbies islamistes ? Qui empêche les femmes de porter le hijab en Europe ? Le Conseil n’évoque pas la discrimination dans sa campagne – qui peut exister bien que très rare – des cas de femmes forcées à se dévoiler ou attaquées parce que voilées. Non, par cette campagne, le Conseil a tout simplement décidé de “normaliser” le port du voile, et d’en faire la promotion. 

“Le monde serait ennuyeux si tout le monde se ressemblait ?”, peut-on lire sur les publications, depuis retirées. Le voile est promu comme un simple habit, porté comme un autre. Vous rappelez à l’inverse dans votre livre que sa réapparition est récente, et liée à la montée de l’islamisme. 

Le monde devait être terriblement ennuyeux jusqu’à la fin des années 70, une époque où le voile avait quasiment disparu. Auparavant, il n’était ni un monopole islamique ni l’affirmation d’une identité religieuse spécifique mais une très ancienne coutume patriarcale du pourtour de la Méditerranée. Ma grand-mère juive tunisienne en portait un. C’est une réussite remarquable des islamistes de l’avoir transformé en attribut religieux. 

La première femme à se dévoiler publiquement est une militante anticolonialiste, l’Egyptienne Hoda Charaoui, en 1923. Pour les féministes comme pour les leaders musulmans nationalistes d’autrefois, le voile était le totem d’une arriération qui avait permis la colonisation et la domination occidentale. Il est aboli dès les années 30 en Iran et en Turquie. Habib Bourguiba, ancien président tunisien, l’appelait “l’épouvantable chiffon” et le retirait lui-même à ses compatriotes devant les caméras. Dans une vidéo célèbre tournée en 1953, Nasser trouve particulièrement ringard le préalable à tout accord de gouvernement exigé par le chef des Frères musulmans : obliger toutes les femmes à se voiler quand elles sortent.  

Un phénomène stupéfiant intervient alors : après avoir été regardé avec mépris, le voile réapparaît là où on ne l’avait jamais vu, et sous d’autres formes. Les Frères musulmans, les premiers, le choisissent comme stratégie de reconquête de la société via les femmes, un uniforme nouveau, qui n’empruntait plus aux voies traditionnelles afin de tourner le dos à l’islam “de papa” et proclamer sur son dos l’islam politique et la charia comme Constitution.  

Il faut attendre 1979 et la révolution iranienne pour voir le voile se diffuser aux quatre coins de la planète. L’ayatollah Khomeini, le tombeur du Grand Satan américain, lui donne un sacré coup de modernité en l’adoubant par la loi républicaine. De coutume prosaïque, le voile change de statut, il est ennobli par l’Etat de droit islamiste. Le Coran n’en fait pas un des cinq piliers de l’islam. En revanche, le voile devient le sixième pilier de l’islamisme. 

En France, le débat autour du voile explose l’année-même du bicentenaire de la révolution, en 1989 : à Creil, des collégiennes refusent d’enlever leur foulard à l’intérieur de leur établissement scolaire. A Londres, au même moment, la fatwa lancée par Khomeini contre Salman Rushdie met le feu dans la rue. Voile et blasphème, blasphème et voile, ce couple infernal n’a, depuis, jamais cessé de nous piéger. 

Peut-il être, malgré tout, un symbole de “liberté” comme le dit la campagne de communication, avec le slogan “Freedom is in hijab” (la liberté est dans le hijab) ? 

Cette phrase suggère que l’on en veut aux femmes voilées, qu’on les empêche de l’être. La victimisation intempestive est l’arme sempiternelle des islamistes de tous poils, qui nous culpabilisent volontiers. Elle peut aussi être interprétée comme : “Vous qui n’êtes pas voilés, vous n’êtes pas libres”. 

Non, le voile est une arme visuelle. Ceux qui l’utilisent savent qu’il énerve, en Occident, et tout particulièrement en France, où la burqa et plus récemment le burkini ont suscité de fortes réactions dans la société. Ce pays est un pays de tolérance qui déteste qu’on lui dise qu’il est intolérant. Et il se défend très mal. […]

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