Fdesouche

La généralisation de la langue arabe fait de nouveau débat en Algérie, dans un contexte de fortes tensions avec la France. Les défenseurs d’une telle option plaident notamment pour l’usage exclusif de l’arabe dans les correspondances officielles de l’administration, l’enseignement se faisant déjà presque entièrement dans cette langue, mis à part certaines disciplines techniques à l’université, comme la médecine. Le débat n’est pas nouveau.

Ce débat date des premiers mois de l’indépendance et oppose régulièrement arabisants et francisants, deux courants qui traversent la société et ayant leurs prolongements dans les rouages de l’Etat. Outre les soubassements idéologiques, l’affrontement cachait mal une lutte pour s’accaparer les postes de la haute administration.

Ce n’est que dans les années 1970 que le processus de l’abandon du français au profit de l’arabe a commencé, par l’école d’abord, puis une partie de l’administration. L’arabisation de l’enseignement a induit le recul de la langue française dans tous les segments de la société, des enseignes des magasins jusqu’aux médias, le lectorat francophone devenant rachitique d’année en année. […]

Depuis quelques semaines, les défenseurs de l’arabe sont revenus à la charge pour un motif étonnant : une crise politique et diplomatique entre l’Algérie et la France. […]

La décision de généraliser ou pas la langue arabe, donc de mettre fin à l’usage du français ou de le maintenir, appartient aux plus hautes autorités de l’Etat, mais certaines voix s’élèvent déjà pour dénoncer cet amalgame qui est fait entre une langue et la nation d’où elle est originaire.

Abderrazak Dourari, professeur en sciences du langage, avance un argument infaillible : la lutte anticoloniale en Algérie a été menée dès le début, dans les années 1920, jusqu’à l’indépendance, par des francophones. « Quand on considère que la langue française est celle du colonisateur, on oublie que l’anglais est la langue de l’impérialisme mondial », souligne-t-il encore. […]

Une arabisation brutale risque de provoquer beaucoup plus de dégâts à l’Algérie qu’elle n’en fera pour la France, car cela signifie la mobilisation de moyens colossaux, et l’abandon de compétences algériennes qui ont été formées en français. L’Algérie dispose d’autres leviers pour défendre ses intérêts face à la France. […]

El Watan

Fdesouche sur les réseaux sociaux