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Législatives au Maroc : la normalisation avec Israël a été “un coup mortel” porté au parti islamiste (MàJ)

10/09/21

Avec seulement 12 sièges obtenus aux législatives organisées cette semaine contre 125 lors du scrutin précédent, le Parti justice et développement (PJD) connaît une défaite historique. Comment expliquer un revers aussi spectaculaire pour cette formation islamiste modérée ? L’analyse de Mounia Bennani-Chraïbi, professeure de science politique à l’université de Lausanne en Suisse.

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La normalisation des relations diplomatiques avec Israël a-t-elle eu une influence sur ce résultat 

Le PJD a dû avaler énormément de couleuvres ces dernières années. En effet, la plus importante a été la normalisation des relations diplomatiques avec Israël. Il faut savoir que le soutien à la cause palestinienne est au cœur de l’identité de plusieurs courants politiques, abstraction faite de leurs divisions idéologiques. C’est l’un des principaux vecteurs de la socialisation politique des générations militantes nationalistes, tiers-mondistes, de gauche, et islamistes. 

La normalisation avec Israël a contribué à démobiliser de nombreux militants, sympathisants et associations qui gravitent autour du PJD. C’était un coup mortel. A posteriori, on peut constater que le franchissement d’une telle ligne rouge s’est avéré inacceptable pour le cœur de l’électorat du PJD.

Il y a aussi un autre électorat, plus large, qui avait voté PJD en 2011 ou en 2016, sans avoir aucune sympathie pour l’islam politique, mais qui aspirait au changement et qui a placé ses espérances dans un personnel politique perçu comme intègre. Or le PJD a dû assumer des réformes ultra-libérales très impopulaires. Par exemple, le démantèlement du système de subventions pour des produits de première nécessité. Le gouvernement a également porté atteinte à d’importants acquis en matière de retraite, remplacé le recrutement fonctionnarisé par un recrutement contractualisé. Le PJD a essayé de mettre en avant le rôle qu’il a joué dans la réduction du déficit budgétaire, mais ce n’est évidemment pas la priorité de la population.

France 24

09/09/21

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