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Le journaliste visite : l’endroit est « fonctionnel », même si tout ne fonctionne déjà plus. Dans un réduit, au-dessus de l’éthylotest, le portrait officiel du président de la République et, à droite, le couloir des cellules. Dans les deux premières, des mineurs arrêtés pour vol en réunion dorment du sommeil du délinquant.

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Peu à peu, les policiers font leurs aveux. Déplorent le temps fou (dûment constaté) gaspillé sur l’administratif, et, pour l’avenir, ne cachent pas leurs doutes. Il faut voir ce que l’on voit : les noms de « mineurs isolés » encombrent le registre d’arrivée, et rien n’est fait pour que ça change. Les anecdotes de crapules coffrées dix, vingt fois s’enchaînent. La police se sent ­utile dans la rue. Mais sur la justice, et son laxisme, silence déontologique, que certains ont du mal à ne pas rompre.

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De nouveaux interpellés arrivent maintenant par paquets, on cesse de compter. Trois jeunes d’origine africaine s’installent, après des violences volontaires, puis trois autres pour des vols à la tire, etc. En attendant les mises en cellule, ça braille. Deux prévenus lient amitié, comparent leur pedigree de maraud. L’un, dans un argot arabisan: « Moi j’suis de Ville­pinte, mais wallah, ici c’est mon hôtel, hein, chef de poste ? » L’autre : « Ah ! t’es là t’as vu ! Moi d’habitude je suis dans le 9-1. »

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Quatre heures. Un jeune Algérien pris pour vol doit monter voir l’OPJ. Il vocifère, insulte autant qu’il peut ; autant d’énergie à ­cette heure, c’est un enragé du nycthémère. Amélie, pas encore repartie en patrouille, le remue. Il tente, théâtral : « Oh ! Tu me parles avec respect ! Wesh, mais on dirait un trav ! » 

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Le Figaro

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