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À Paris, un lourd fusil noir et sans canon de plusieurs kilos au bras, l’une des gendarmes lève les yeux. Elle vise. Le brouilleur intercepte le drone, sans bruit et sans coup de feu, mais comme à l’ancienne. La liaison avec le pilote au sol ayant été coupée, l’appareil n’est plus en mesure de manœuvrer. Équipé d’un système de pose automatique, il rejoint le sol. Sinon, il s’écraserait, mais ce jour-là ce n’était pas le risque à traiter. La Spad, unité unique en son genre, a été déployée lors du dernier sommet de l’Otan dans la capitale belge. L’arme porte à plusieurs centaines de mètres. Encore faut-il pouvoir repérer la cible.

La menace des drones «s’accroît et s’accélère», a déclaré mercredi la ministre des Armées, Florence Parly, en assistant, à Biscarrosse, à un premier tir antidrone par laser. L’entreprise Cilas qui développe cette arme futuriste devra être prête pour 2024. «Nous n’avons pas le droit à l’erreur», a ajouté la ministre. «C’est un véritable enjeu technologique, car il s’agit de faire face à une menace qui ne peut pas toujours être prise en compte par notre défense aérienne classique: elle est trop petite, trop lente, trop basse et avec une signature radar trop faible», a détaillé Florence Parly.

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Plusieurs réponses ont déjà été mises au point par l’armée. Les systèmes Milad ou encore Bassalt, imaginé avec Aéroport de Paris et qui a déjà été mis en œuvre lors du dernier 14 Juillet, ou du sommet du G7 à Biarritz, ou encore le système Arlad, testé par l’armée de terre. Arlad est capable de détecter un objet volant entre 700 mètres et un kilomètre et d’orienter un tir de destruction automatique. «Nous partons de rien aujourd’hui», explique-t-on au sein de l’armée de terre. Le système est encore en rodage. La «chaîne détection-identification-neutralisation» n’est pas encore consolidée, dit-on. Comment être sûr de distinguer un drone ennemi d’un autre objet, ou d’un oiseau, et de l’atteindre. L’armée cherche à utiliser des grenades «airbust» pour détruire par le souffle l’objet. En attendant, elle va doter ses régiments de fusils brouilleurs Nerod. «Le point faible des drones, c’est leur liaison de données», explique le lieutenant-colonel Pierre-Yves, spécialiste des drones au sein de l’armée de terre. «Mais la prochaine génération pourra peut-être s’en affranchir

Le Figaro

INTERVIEW – Cédric Perrin, sénateur (LR) du Territoire de Belfort, et ses corédacteurs Gilbert Roger, Bruno Sido et François Bonneau préconisent dans un rapport de faire de la lutte antidrone une priorité.

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Sur les minidrones, nous rattrapons le retard. Le drone tactique Patroller a, quant à lui, deux ans de retard. Il sera livré à la fin de cette année. Mais il doit être armable pour pouvoir être exportable. C’est économiquement indispensable. La France devrait aussi se doter de minidrones à bas coût «sacrifiables». En ce qui concerne la surveillance du territoire et la lutte antidrone, il y a encore des trous dans la raquette alors que nous devons être prêts pour les grands événements de 2023, la Coupe du monde de rugby, et de 2024, les Jeux olympiques. Mais les ministères de l’Intérieur et de la Défense se renvoient la balle. Ce n’est pas satisfaisant.

Pour détecter et identifier les drones, nous disposons de capacités avec les systèmes Milad ou Bassalt. Il faudrait aller plus vite. Il faut être capable de capter l’innovation développée par les entreprises françaises. Le programme Parade du ministère pour acquérir de nouveaux moyens dispose de 350 millions d’euros sur 11 ans. C’est-à-dire 70 millions pour la fin de la loi de programmation militaire. Ce n’est pas énorme. Nous préconisons un centre de recherche sur les drones commun à toutes les armées.

«Face à la menace, nous ne devons pas être démunis»

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