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Insultes, harcèlement, agressions, les témoignages de femmes évitant au maximum la place Gabriel-Péri se multiplient. Symptôme d’une dérive sociétale générale ou spécificité de ce quartier ? Reportage sur place. D’une femme, place Gabriel-Péri.

La misogynie dénoncée sur cette place du Pont serait-elle exagérée ? Ou restreinte aux environs du marché clandestin qui s’installe de l’autre côté du cours Gambetta ?

Illusion passagère. Un peu plus tard, un homme d’une trentaine d’années, accoudé aux rambardes de la station Guillotière, vilipende bruyamment une femme dont il n’apprécie visiblement pas la tenue vestimentaire, trop près du corps à son goût. Il la suivra d’un regard plus qu’appuyé et de ses remarques jusqu’à ce qu’elle dévale les marches du métro. Autour, personne ne lève la tête. Comme l’habitude tenace d’une tranche de vie quotidienne qui se prolonge au gré des cibles qu’il semble traquer des yeux.

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L’insécurité vécue par les femmes est-elle spécifique à la Guillotière ? Le harcèlement de rue est-il plus prégnant qu’ailleurs ? Assez sans doute pour que la place des femmes constitue le point central du dernier atelier participatif « pour mieux vivre ensemble place du Pont », animé le 4 mai dernier par les mairies du 3e et du 7e arrondissement.

Lors de l’atelier une habitante indique que deux de ses baby-sitters refusent désormais de se rendre à son domicile. Une autre, que sa fille réfléchit à la tenue qu’elle portera pour aller courir. Pour beaucoup, le malaise réside surtout dans une densité accrue aux abords des stations de métro et de tramway. Une oppression que certaines préfèrent éviter, quitte à marcher. Denise Margery, présidente départementale de l’association Femmes Solidaires, a pu constater une augmentation des témoignages en ce sens.

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Cela fait deux ans que ça a changé. Avant, il y avait une espèce d’équilibre. Les hommes ne faisaient pas de vague par peur de la police, on était en sécurité. Je me suis fait une fois agresser il y a 10 ans en rentrant à 5 h du matin. La seule fois en 10 ans, quelle que soit ma tenue. Maintenant c’est anxiogène, je viens au travail la boule au ventre.

Justine Vincent et Mélodie Gauglin, gérantes du café-librairie féministe « Café Rosa », ouvert le 8 mars 2021 au 78 bis, rue Béchevelin :  « Nous n’avons jamais eu de retour de femmes qui se sentent en insécurité dans le quartier de la Guillotière. Et à titre personnel, nous n’avons pas eu de mauvaise expérience place du Pont. Effectivement c’est une place à fréquentation majoritairement masculine mais ce sentiment ne me parle pas tant que ça, je me sens plutôt en sécurité. »

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Le Progrès


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