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“On est enclavés” : pour les habitants de Clichy-sous-Bois, près de Paris, la capitale n’est pas toujours si proche qu’il n’y paraît.

Malgré l’arrivée du tramway et les millions investis dans la rénovation urbaine, certains habitants peinent toujours à se rendre dans la capitale et à s’y sentir légitimes….

A 300 mètres de là, à l’arrêt Maurice Audin, Yva, 56 ans, attend le tramway pour rejoindre Montfermeil. Elle habite à Clichy depuis neuf ans mais n’a jamais exploré la Ville lumière. “Je travaille avec les personnes âgées six jours par semaine dans plusieurs communes. Je n’ai pas le temps d’aller me promener et de visiter des monuments”, relate-t-elle. Les seules fois où elle s’y est rendue, c’était pour faire des courses au magasin Tati de Barbès, dans le 18e arrondissement. “Je n’ai jamais vu la tour Eiffel, mais quand je la vois à la télé, je me dis qu’il faudrait que j’y aille, quand même !” glisse-t-elle avant de monter dans la rame….

“Beaucoup de familles vont déjà à Paris pour le travail, donc c’est compliqué de les remotiver pour y aller pour le loisir. Elles me disent qu’elles mettent moins de temps en avion pour aller dans leur pays que pour aller à Paris”, soupire Zoulikha Jerroudi, assise dans le jardin d’une maison en pierres située dans une rue pavillonnaire….

Pour cette travailleuse sociale de 51 ans,la question de la mobilité est primordiale. “A Clichy, on est enclavés et le transport permet l’accès à la culture, au travail. Mais il n’y a pas que ça. La plupart des familles sont fragiles et se disent que Paris n’est pas pour elles”, explique-t-elle. En 2018, selon l’Insee, le taux de pauvreté était de 43% dans la ville, et 38% de la population était étrangère. Lors de ses visites, Zoulikha Jerroudi accompagne beaucoup de familles monoparentales, primo-arrivantes, en situation irrégulière ou au RSA….

Si certains habitants, souvent plus âgés, sont hésitants à se déplacer, pour toute une partie de la jeunesse née à Clichy ou aux alentours, la capitale fait partie de la vie. “J’y vais très souvent. J’aime bien aller sur les Champs-Elysées, il y a un grand Zara, un grand H&M, les magasins ferment plus tard. J’y vais souvent avec des amis, on prend un truc et on mange dans la voiture, c’est plus rapide”, décrit Julie Falck, 22 ans, en formation à la mission locale de Clichy-sous-Bois. “J’aime bien aussi me promener à Montmartre, dans les rues de Saint-Germain-des-Prés. Tout le monde se mélange à Paris, je m’y sens bien.”

FranceTVinfo

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