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Editorial du Monde sur la présence du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, au rassemblement des policiers devant l’Assemblée nationale.

Il est tout sauf banal de voir un membre du gouvernement, dont la politique est ouvertement décriée par les manifestants, participer au défilé organisé par ces mêmes manifestants devant le palais Bourbon, où siègent les représentants du peuple. […]

Mais le vocabulaire très droitier utilisé par les syndicalistes qui ont harangué la foule, les vives attaques dirigées contre la justice, l’exigence de mesures rejetée le matin même par le gouvernement, tout cela créait ce qu’on appelle un climat. Le ministre de l’intérieur ne pouvait en aucun cas s’en montrer complice, sauf à apparaître lui-même comme opposant à son collègue garde des sceaux, qui défendait l’après-midi même à l’Assemblée nationale son projet de loi « pour la confiance » dans la justice.

« La ligne rouge qu’on ne doit pas dépasser, c’est le respect qu’on doit aux institutions… On ne peut pas tout démolir… N’opposez pas, s’il vous plaît, deux grandes institutions de la République », a riposté Eric Dupond-Moretti quelques heures plus tard dans l’Hémicycle, en s’inquiétant par ailleurs de « la désinformation » ambiante. […]

En se rendant à la manifestation, Gérald Darmanin ne pouvait ignorer le climat de surenchère qui accompagne les questions sécuritaires. Il ne pouvait ignorer que la campagne des élections régionales de juin, sur fond de rivalités entre la droite et l’extrême droite, encourage sur ce sujet les propositions les plus démagogiques. Sa présence n’a pas conforté l’Etat. Elle l’a affaibli en mettant en scène un ministre à la remorque de ses troupes au lieu d’en être le chef.

Le Monde

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