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Huit années d’intervention militaire anti-djihadiste dans trois pays du Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso) n’ont pas réussi à éliminer les groupes violents de la région, ils auraient plutôt tendance à se renforcer. Le constat d’échec est largement partagé.

Un groupe de plusieurs dizaines d’organisations de terrain demande aujourd’hui que l’on change radicalement de stratégie dans la région. La Coalition citoyenne pour le Sahel fait le constat cruel que, l’année passée, davantage de civils ont été tués ou blessés par les forces de sécurité que par les groupes djihadistes.

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Depuis la première intervention militaire française au Mali en 2013, la communauté internationale multiplie les interventions militaires dans la région :

  • la Minusma, la mission de l’ONU au Mali, avec 14.500 militaires et policiers (dont une petite centaine de Belges),
  • la force française Barkhane (5100 hommes dans la région),
  • le G5 Sahel, formé de soldats issus de cinq pays (Mali, Niger, Tchad, Mauritanie, Burkina Faso),
  • la force européenne Takuba, groupement de forces spéciales européennes destiné à accompagner les militaires maliens (trois officiers belges en font partie).

Le rapport de la Coalition citoyenne pour le Sahel souligne que la multiplication des bavures ou des exactions commises par des militaires ont rompu la confiance de la population. Au cours des dernières semaines, plusieurs soldats tchadiens ont été arrêtés au Niger pour le viol de civils, dont une fille de 11 ans. Un rapport des Nations unies fait état de la mort de 19 civils dans une frappe aérienne française au Mali, en janvier 2021. La France continue de nier la réalité de cette bavure. Plus de 200 civils ont été tués en l’espace d’une semaine dans des attaques de villages dans les régions frontalières du Niger.

“Plus de civils ont été tués l’année dernière au Sahel par ceux qui sont censés les protéger des attaques djihadistes que par les djihadistes eux-mêmes. C’est le facteur de recrutement le plus efficace que les extrémistes puissent espérer”, déplore l’ancien ministre sénégalais Abdoulaye Bathily.

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Malgré son bilan très sombre de l’action militaire depuis huit ans, la Coalition citoyenne ne demande pas le départ des forces de protection étrangères. “La question n’est pas de dire que les interventions militaires ont échoué, mais qu’elles n’ont pas été efficaces pour protéger les civils”, explique Gilles YABI, expert du centre de recherche WATHI. “La réponse n’est pas le départ des forces étrangères, ce n’est pas réaliste. Ce qui est important, c’est la capacité à protéger les civils par les forces étrangères et nationales. L’effort doit concerner l’ensemble de l’appareil de sécurité, y compris la justice pour s’assurer qu’on a cette capacité à protéger les civils et à lutter contre l’impunité.”

RTBF


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