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Pour mieux comprendre cette évolution, ainsi que le devenir de Daesh, Marianne a échangé avec Wassim Nasr journaliste à France 24 et spécialiste des mouvements djihadistes, auteur d’État islamique, le fait accompli.

L’EI n’a plus de territoire, plus autant de forces, ne peut plus accueillir autant de combattants, quel est leur objectif aujourd’hui ?

Il n’a pas changé : restaurer le califat. L’EI rentre dans ce qu’il sait faire de mieux, l’attente et la guérilla. Le groupe a été fondé en 2006 puis est monté en puissance avant une période de « désert » entre 2008 et 2011. À la suite du retrait américain et des révoltes arabes, al-Baghdadi [chef de l’EI en Irak ; N.D.L.R.] a envoyé la moitié de son commandement avec la moitié de la caisse en Syrie, profitant de la situation. Cela lui a permis de revenir en force en Irak et sur Mossoul en 2014.

Depuis la chute du califat territorial, on revient à une période de guérilla et la coalition a du mal à les cibler vu qu’il n’y a pas de lignes de front fixes. Ils n’attendent plus qu’un retrait de la coalition et que la situation s’envenime. Au final, tous les facteurs de leur montée en puissance en 2011 sont là et aggravés. Les villes n’ont pas été reconstruites, des millions de gens vivent dans une situation très précaire, sans oublier les camps de prisonnier qui sont des viviers de recrutement pour l’EI.

En parlant de camps de prisonniers, où en sont les Kurdes qui sont supposés les garder captifs ?

Les Kurdes ont de plus en plus de mal à tenir les camps qui sont quasiment autogérés aujourd’hui. Dans ces lieux, les assassinats et la prédication sont devenus la norme. Ils ne peuvent pas juger les jihadistes Européens et les gouvernements de ces derniers font preuve de couardise politique en ne réglant pas la question des familles de djihadistes et des jihadistes eux-mêmes. Comment faire avec un gamin qui a vu mourir son père tout jeune et n’a aucune perspective d’avenir ? Pour l’Europe comme pour eux, c’est un trou noir. Ces jeunes deviennent l’un des plus gros viviers de recrutement pour les groupes terroristes. De plus, les djihadistes se font un devoir religieux de les sortir de leur prison. C’est ce qui finira par arriver avec ces camps.

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Marianne

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