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Alors que la majorité de son œuvre a été écrite sous la Monarchie de Juillet, Balzac, né sous le soleil déclinant du Directoire, paraît avoir ausculté nos cœurs dans ce qu’ils ont d’intemporel. Ce que le maître a capturé de son époque résonne en nous comme s’il avait trempé ses pinceaux dans des gouaches éternelles. Lue sous cet angle, La Comédie humaine devient une radioscopie magistrale de ce qui fait, au fil des générations, la France et les Français.

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Inquiet, déjà, de la propension française à centraliser et à imposer le contrôle public à tous les étages, Balzac déplorait un pays freiné par « les méchancetés de la bureaucratie » ( Les Employés ), empêtré dans ses bavardages, paralysé par l’idéologie de la précaution et ligotant les jambes des plus entreprenants : « La France allait se ruiner malgré de si beaux rapports, et disserter au lieu d’agir. Il se faisait en France un million de rapports écrits par année ; aussi la bureaucratie régnait-elle ! Les dossiers, les cartons, les paperasses à l’appui des pièces sans lesquelles la France serait perdue, la circulaire sans laquelle elle n’irait pas, fleurissaient. (…) la bureaucratie mettait un obstacle à la prospérité du pays, s’épouvantait de tout, perpétuait les lenteurs (…) enfin elle étouffait les hommes de talent assez hardis pour vouloir aller sans elle ou l’éclairer sur ses sottises » ( Les Employés) .

Dans Eugénie Grandet , ne sont-ce point les ferments du « dégagisme » bougon que l’ami de Victor Hugo découvrait en nous ? « Il est dans le caractère français de s’enthousiasmer, de se colérer, de se passionner pour le météore du moment, pour les bâtons flottants de l’actualité ». Des classiques Illusions perdues , La Peau de chagrin, Eugénie Grandet et Le Père Goriot aux moins connus La Recherche de l’absolu, Un début dans la vie ou le féministe La Femme de trente ans , c’est un Balzac nous parlant le plus souvent avec justesse de politique, de finance, du journalisme mais aussi de l’impérieuse liberté des femmes qu’Alexis Karklins-Marchay nous invite à redécouvrir.

Le Figaro

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