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Djihadisme : quand la délinquance prédispose à la violence plus que la religion

Islamisation de la radicalité contre radicalisation de l’islam. Ce débat n’en finit pas d’agiter la recherche universitaire française sur le djihadisme. La querelle entre les politistes Gilles Kepel, tenant d’une explication religieuse du phénomène, et Olivier Roy, pour qui la religion est secondaire (le problème est social), a pris une tournure parfois caricaturale, attisée par des enjeux de pouvoir et des positionnements politiques.

Mais plusieurs travaux continuent de tenter de cerner le phénomène djihadiste, sans forcément donner lieu à des tribunes et anathèmes. Ainsi, le livre de Hakim El Karoui et Benjamin Hodayé, Les Militants du djihad. Portrait d’une génération (Fayard, 336 pages, 22 euros), accorde une prépondérance à l’adhésion politico-religieuse au salafo-djihadisme, sans nier le terreau sociologique sur lequel cette idéologie se déploie : l’appartenance à un quartier défavorisé, l’échec scolaire, la précarité économique.

A l’inverse, une autre étude, parue presque au même moment, illustre l’importance du facteur délinquant dans la violence politico-religieuse. Publiée dans l’ouvrage collectif The Post ISIS-era : Regional and Global Implications (« L’Après-Etat islamique : implications régionales et globales », non traduit) par l’université George-Mason (Virginie), elle a été menée par Sebastian Roché, directeur de recherche au CNRS, Omer Bilen, professeur assistant à l’université de Bursa (Turquie), et Sandrine Astor, professeure à l’université de Grenoble-Alpes.

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« Notre objectif était d’observer les facteurs associés, les déterminants de ces deux attitudes – la désaffiliation à la nation et la disponibilité à la violence politique – généralement associées à la radicalisation », explique Sebastian Roché, également enseignant à Sciences Po Grenoble. Ce qui ressort de l’étude, c’est que l’appartenance à l’islam est le facteur principal de non-identification à la France et de son rejet. « Mais, précise M. Roché, il s’agit plus d’un islam d’identité sociale que d’une adhésion à des convictions religieuses fondamentalistes. »

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