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Le tabou autour du mal-être des agriculteurs commence à se briser. Témoignages, œuvres de fiction ou documentaires ont mis en lumière la situation parfois dramatique de ceux qui vivent de l’agriculture en France. Après des mois d’auditions et de rencontres de terrain, un rapport du Sénat fait 63 propositions pour mieux identifier le phénomène et améliorer l’accompagnement des agriculteurs.

En décembre 2019, une proposition de loi visant à prévenir le suicide chez les agriculteurs était discutée au Sénat, un texte porté par le sénateur RDSE de l’Hérault Henri Cabanel. Pour aller plus loin sur ce sujet, la présidente de la commission des affaires économiques Sophie Primas a alors proposé de former un groupe de travail sur « les moyens mis en œuvre par l’État en matière de prévention, d’identification et d’accompagnement des agriculteurs en situation de détresse ». Une réflexion urgente pour les sénateurs, alors que, selon les chiffres de la Mutualité sociale agricole (MSA), deux agriculteurs se suicident chaque jour….

L’objectif des sénateurs était donc de mieux comprendre, mieux identifier les sources du malaise agricole, mais aussi de faire des propositions concrètes pour mieux aider et accompagner des professionnels en détresse. Pour cela, des dizaines d’acteurs ont été auditionnées ces derniers mois : syndicats, chambres d’agriculture, associations, mais aussi services du ministère l’Agriculture et de l’Alimentation, ou encore l’Assemblée des départements de France…..

Le groupe de travail a identifié plusieurs facteurs qui peuvent expliquer les difficultés croissantes que rencontrent les agriculteurs. Tout d’abord, un problème de revenus. Ne pas pouvoir vivre correctement de son travail, ne pas pouvoir subvenir aux besoins de sa famille, alors que l’on ne compte plus le nombre d’heures de travail hebdomadaire, c’est une source de mal-être.

« Quand un problème financier s’ajoute à d’éventuels problèmes personnels et administratifs, cela peut devenir la goutte d’eau qui fait déborder le vase », explique Françoise Férat. « C’est l’accumulation des difficultés qui peut faire basculer. »

Au-delà de la rémunération de ces métiers, il y a en effet la question de leur évolution administrative et de la complexification croissante. Les démarches sont toujours plus nombreuses et techniques. Les normes ne cessent d’évoluer. Le métier devient de plus en plus complexe. Les agriculteurs se trouvent parfois en difficulté pour répondre à des demandes très précises.….

Pour mieux cerner le phénomène, il est essentiel de mieux identifier et quantifier le mal-être des agriculteurs. Ainsi, une des premières recommandations du rapport est de « fournir chaque année au Parlement, dans le rapport transmis par la CCMSA (Caisse centrale de la MSA), une actualisation des données de la mortalité par suicide en agriculture ». Par ailleurs, le rapport propose « d’expérimenter, dans les départements les plus touchés par le phénomène de surmortalité par suicide en agriculture, des envois réguliers de questionnaires aux agriculteurs afin de quantifier et qualifier, en amont, les potentielles difficultés »…..

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