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Il aimait la cigarette, la pluie, la moleskine des brasseries. Dans « Claude Sautet (1924-2000), le calme et la dissonance », le documentariste Amine Mestari revient sur un cinéaste qui s’est fait l’entomologiste des mœurs de ses contemporains.

Il a été le plus français des cinéastes français. Les doigts jaunis par la cigarette, l’œil allumé devant un beaujolais, l’inquiétude à fleur de peau, Claude Sautet faisait l’éloge de la paupiette de veau, de la lumière du Midi et des amitiés de caboulot. Il était chaleureux, coléreux et, surtout, impatient, toujours impatient. Il a capté l’esprit de la France des seventies, celle des années Pompidou, mieux que personne : on y portait des lodens et des Burberry, on fumait des Fontenoy, on achetait des lampes dessinées par Slavik. C’était le bonheur en plastique Gilac, plastique miracle.

 « Claude Sautet, le calme et la dissonance », le documentaire d’Amine Mestari, rend hommage à cet artiste qui se prenait pour un artisan, porté par « un bouillonnement intérieur ». Le simple titre du film le plus connu de Sautet, « les Choses de la vie », résume tout : l’appétit de bien-être, la force du mal-être, la beauté fragile de Romy Schneider, la voix basse de Michel Piccoli et cette société dite de consommation louée par le magazine « Lui », rubrique « Défonce du consommateur ». D’une certaine façon, Claude Sautet a filmé une époque en train de disparaître : celle du sandwich rillettes-cornichons et celle d’un cinéma éclairé par force sources de lumière (les chapeaux ne font jamais d’ombre sur les yeux des acteurs).  […]

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