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Depuis l’affaire Mikaël Harpon, cet Antillais sourd-muet converti à l’islamisme et informaticien à la Préfecture de police dans le service suivant les « radicalisés », qui massacre ses collègues à coups de couteau le 3 octobre 2019, le modus operandi a changé. On n’a trouvé aucun lien fonctionnel avec un quelconque donneur d’ordre. Est apparue une dissociation entre, d’une part, des militants désignant des cibles grâce au monde dérégulé de l’internet et constituant des incubateurs de haine contre les « mécréants » (kuffar), les « apostats » (musulmans non islamistes ni salafistes), les Juifs et toutes celles et ceux qu’il faut « répudier », et par ailleurs ceux qui passent à l’action en s’en étant inspirés. Les premiers n’appellent pas directement à tuer, mais ils « contaminent » sur un mode viral des individus ayant déjà des « comorbidités » djihadistes par leur fréquentation préalable du monde virtuel ou de certaines mosquées radicalisées. Ceux-ci contractent alors le virus par la « voie atmosphérique » du web et développent leur pathologie meurtrière jusqu’au passage à l’acte.

À l’automne dernier, la republication des caricatures par Charlie Hebdo au moment où s’ouvre le procès des attentats de janvier 2015, dont on pouvait espérer un « Nuremberg du djihadisme », cristallise instantanément tous les « entrepreneurs de colère » du monde musulman qui ont ciblé la France « islamophobe », et le procès est devenu inaudible – la victime se transmuant en accusé. Le réfugié pakistanais et faux mineur isolé Zaheer Mahmood, non francophone et intellectuellement limité, est alors contaminé via son smartphone par les vidéos diffusées dans son pays d’origine où l’on voit des individus brandir des coutelas pour décapiter les journalistes de Charlie. Il se procure, à l’identique, une feuille de boucher, retrouve l’ancienne adresse de l’hebdomadaire sur internet et va y blesser gravement deux personnes qui n’ont rien à voir avec le journal, avant d’être arrêté sans résistance. Nous sommes ici en présence du degré zéro du djihadisme d’atmosphère.

L’affaire Paty, avec un parent d’élève qui désigne à la vindicte des internautes l’enseignant, appel relayé ensuite sur un mode viral par l’agitateur pro-Hamas chevronné Abdel Hakim Sifraoui, puis le lobbyiste électoral islamiste de Seine-Saint-Denis et patron de la mosquée de Pantin M’hamed Henniche, passe au degré supérieur de létalité. Apparaît ainsi le « variant tchétchène », si l’on peut dire : Abdullakh Anzarov, réfugié politique socialisé en France, qui présente déjà tous les symptômes de l’« allégeance » au salafisme et du « désaveu » d’avec la « mécréance » de la nation qui l’a accueilli – comme l’indiquera son « ADN virtuel » lors de l’examen de son smartphone. Il cherche à punir un « blasphémateur du Prophète » et est contaminé rapidement à travers la « voie atmosphérique » du web par le réseau qui cible l’enseignant. Sans instruction de quiconque, il se rend au lycée, soudoie des élèves et commet son crime monstrueux en quelques minutes.

De l’auteur des meurtres à la basilique de Nice, le Tunisien Brahim Issaoui, on ne sait pas grand-chose, sinon qu’il venait de passer la frontière italo-française clandestinement, qu’il a perpétré son crime le jour de l’anniversaire du Prophète (le Mouloud) et qu’il avait une photo d’Anzorov dans le fichier « images » de son téléphone. Le « traçage » plus précis de sa contamination est rendu difficile, car il est dans le coma, mais l’« atmosphère » djihadiste est là.

Dans tous ces cas, je reste frappé par la manière dont la métaphore de la pandémie de Covid constitue un analyseur qui me paraît très fécond pour penser en temps réel ce phénomène.

Figaro Vox

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