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FIGAROVOX/ENTRETIEN – Pédopsychiatre, Maurice Berger est spécialiste de la violence chez les jeunes. Pour lui, la justice des mineurs comme des majeurs doit se recentrer sur la victime.

LE FIGARO. – En deux jours, deux adolescents de 14 ans ont été tués dans des rixes opposant des bandes rivales en Essonne. Ces événements rappellent aussi le tabassage du jeune Yuriy en janvier. En tant que pédopsychiatre, comment expliquez-vous une telle violence chez les mineurs ?

Maurice BERGER. – (…) D’une manière générale, un groupe se définit par un leader, une délimitation (un territoire, une culture, une ethnie, etc.), un but ou des valeurs partagées. Dans les bandes violentes, le rôle du leader est essentiel. Il s’agit d’un leader négatif qui attire des adolescents influençables, qui ont de la difficulté à penser par eux-mêmes. Une recherche financée par les Directions générales de la protection judiciaire de la jeunesse et de la santé montre que 60% des mineurs placés en centre éducatif fermé (CEF) ont un niveau intellectuel inférieur à la normale. Un jeune avec une personnalité bien structurée a peu de chances de se laisser embarquer par un tel leader. Le leader éprouve aussi beaucoup de plaisir à diriger la puissance destructrice du groupe. Et puis, faire partie d’un groupe leur fournit aussi un sentiment d’identité.

La délimitation, dans ce cas, c’est souvent le territoire géographique et/ou l’appartenance ethnique ou culturelle.

(…)

La justice doit-elle être plus sévère à l’égard des auteurs de ces faits, même mineurs ? Le risque est aussi d’opposer réponse pénale et réponse éducative…

J’ai souvent dit que la sanction faisait partie de l’éducation. Je pense que nous avons atteint les limites de l’individualisation de la peine. La nature de la violence a changé, mais pas nos lois. Tuer quelqu’un ou le mettre dans le coma quelqu’un devient un mode de règlement des litiges. La justice des mineurs comme des majeurs doit maintenant se recentrer sur la victime, et la peine doit être proportionnée aux dommages subis. Toute atteinte à l’intégrité physique d’autrui, au-delà d’un seuil minime, devrait être sanctionnée par une privation de liberté d’un minimum de quinze jours sans que le juge des libertés et de la détention puisse intervenir d’une façon qui «déjuge» les mesures ordonnées par d’autres magistrats.

(…) Le Figaro

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