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L’ancien ministre délégué à la Promotion de l’égalité des chances de Dominique de Villepin, Azouz Begag,  revient sur la loi séparatisme, le blasphème, l’islamo-gauchisme…Partisan d’un dialogue apaisé, au risque, parfois, de l’ambiguïté, l’ancien chiraquien répond au Point sur la vague qui monte dans la perspective de 2022.

Vous avez été un militant anti-FN de tous les instants. En voyant le parti de Marine Le Pen et ses thématiques monter, n’avez-vous pas finalement perdu la guerre culturelle ?

Bien sûr… Mais, hélas, je ne suis pas le seul. SOS Racisme, la Licra et des centaines d’associations qui font la promotion des valeurs républicaines ont échoué. […]  Les Français se sont agrippés à la conservation de leur identité. Les immigrés maghrébins/musulmans et leurs enfants ont été clairement désignés comme les responsables du « bruit et de l’odeur » à partir des années 1990… […] La question de l’islam cette fois « radical », censé faire une « OPA sur la République », est un nouvel épouvantail… La peur des musulmans est ancienne en France.

Mais l’islamisme radical est une réalité, notamment dans plusieurs quartiers…

Ils [Les islamistes] sont une minorité. La police les surveille et les connaît depuis longtemps. Mais il y a les autres, des millions, qui ne font jamais parler d’eux, qui ont pleinement trouvé leur place en France où ils sont nés. Par exemple, j’ai à Lyon des amis qui ont trente-quarante ans. Ils sont brillants et bien installés avec leur famille. Eh bien, leur socle identitaire repose sur l’islam. Quand vous demandez qui ils sont, ils ne répondent pas « français », mais d’abord « musulman ». Ils sont loin d’être des fanatiques, mais pour eux Dieu est la première pierre de leur construction identitaire. Intime et personnelle. Ils ne font aucun prosélytisme. Plus la société française stigmatise les musulmans, plus les jeunes se tourneront vers l’islam par défi… […]

La liberté de conscience qui va jusqu’au blasphème… ?

Alors là, vous entrez dans une zone de turbulences… Quand vous avez une partie de la population musulmane qui est fleur de peau sur la question du blasphème et des caricatures : faut pas toucher. Je connais la posture figée, intransigeante, qui voudrait qu’en France, pays de liberté, on fasse ce qu’on veut ! Mais il y a l’autre, plus conciliante, qui prend en compte le caractère sacré et épidermique de l’identité musulmane chez les jeunes en particulier. Partout à travers le monde. On ne touche pas à Mahomet. […]

Que pensez-vous de la sortie de Frédérique Vidal qui a commandé une enquête au CNRS sur la poussée islamiste à l’université ?

[…] Dans quelles universités précisément les islamo-gauchistes sont-ils en train de grappiller le pouvoir ? Est-ce un élément de la théorie du grand remplacement théorisée par certains. […]

Vous parlez beaucoup de diplomatie, de précautions. Certains vous répondront que c’est une forme d’accommodement. Que leur dites-vous ?

Ils n’ont pas tort. Nos sociétés deviennent de plus en plus complexes, avec les réseaux sociaux, ça part dans tous les sens. Dans le quartier où j’habite, le quartier de l’immigration traditionnelle à Lyon, des migrants, il en vient de tous les coins du monde : c’est une mosaïque de gens et de cultures qu’il est extrêmement dur de contrôler et gérer. Les riverains en ont marre des incivilités et de leur marché aux puces quotidiens. Oui, la situation est complexe. C’est à la société de trouver des réponses à cette complexité, rechercher des aménagements, des compromis avec les gens. Le passage en force ne règle rien. […]

Le Point

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