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FIGAROVOX/ENTRETIEN – Menacé de mort après avoir publié une tribune appelant à résister face à l’islamisme, le professeur de philosophie a été contraint d’arrêter l’enseignement. Accusé de mensonges et de militantisme par le maire de Trappes, Ali Rabeh, il répond aux critiques et se confie sur sa vie d’enseignant de banlieue communautarisée ces vingt dernières années.

FIGAROVOX. – Revenons d’abord sur l’affaire pour rétablir les faits… Vous êtes sous protection policière actuellement, que s’est-il passé exactement? Est-ce dû à vos interventions concernant la décapitation de Samuel Paty?

Didier LEMAIRE. – Depuis le mois de novembre, je suis sous escorte policière. Mes entrées et sorties de collège sont surveillées et accompagnées par la police. Ma lettre aux enseignants parue dans L’Obsa mis la ville en ébullition. Des propos haineux ont circulé contre moi. C’est ce qui a motivé cette protection. Après l’assassinat de Samuel Paty, l’attention pour la sécurité des enseignants s’est renforcée. Personnellement, je n’ai pas reçu de menaces de mort directement. Mais il est évident que des propos haineux contre un enseignant font aujourd’hui de celui-ci une cible. Ces dernières semaines, des enseignants ont reçu des menaces directes. C’est du jamais vu.

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De façon générale, la position des enseignants relève du déni. Par exemple, après les attentats de Charlie Hebdo et du Bataclan, j’ai essayé d’expliquer la portée politique des événements. Une collègue m’a dit: «Tais-toi, tu nous fais peur!» Détourner le regard, ignorer la gravité de la situation, permet de se libérer de l’angoisse. À partir du moment où l’on met des mots sur les maux, cela signifie qu’il faut agir et que l’on risque de rencontrer des difficultés. Alors on préfère la dénégation du réel plutôt que d’affronter le réel.

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La peur et la lâcheté existent dans le corps enseignant.

Une enquête Ipsos révèle qu’un enseignant sur deux s’autocensure afin d’avoir la paix dans sa classe. C’est terrible. Bien sûr, en ne traitant pas les sujets qui fâchent, l’enseignant va obtenir la paix dans sa classe. Il n’aura pas de conflit avec ses élèves et ne risquera pas leur colère ou leur haine. Mais ce conflit rejaillira tôt ou tard. Cette croyance qu’en reportant à plus tard, qu’en déplaçant le problème, on va gagner en sécurité, est une illusion. Une illusion dangereuse car la menace d’un déferlement de haine ne fait ainsi que croître. Mais j’ai bon espoir que les enseignants vont se réveiller. C’est le sens de ma parole.

(…) Le Figaro

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