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15/02/2021

« Évidemment, c’est quelque chose qui est très difficile”, explique Audrey Pulvar. “Je suis là en tant que moi, et en tant que fille d’un pédocriminel, d’un monstre au sens actuel du mot. Et quand vous êtes la fille d’un monstre, forcément vous vous demandez si vous êtes un monstre vous-même. C’est un processus presque automatique. Les choses sont un peu moins simples qu’elles n’y paraissent, et je ne suis pas là non plus pour répondre à mes détracteurs, dont je n‘ai pas grand-chose à faire sur ce sujet. »

« J’étais une enfant mais il se passait des choses dont je sentais qu’elles n’étaient pas normales. Il y avait un climat que je ne comprenais pas. Dans ma mémoire, quand ma cousine avait 7 ans, on s’était disputées et elle m’avait dit “ton père, il met sa main dans ma culotte”. Ça m’avait tétanisée, j’avais 6 ans. Et après, ces souvenirs-là ont été cadenassés dans mon cerveau pendant 25 ans, en revenant par flash, sans que je sache ce que c’était. »

« Elle répond aussi indirectement aux donneurs de leçon sur ce sujet. “Non, il ne m’est pas venu à l’idée de dénoncer mon père. Ce n’était pas à moi de le faire, et je ne savais pas que je savais. Ces choses-là ne se font pas en 24 heures, c’est un peu plus complexe que ça, surtout pour les victimes. Je suis là pour dire à tous ceux qui pensent que l’action de mes cousines serait une manœuvre politique, soit pour m’atteindre moi soit pour abîmer la mémoire de mon père, qu’ils ont tort.

Les victimes nous parlent quand elles peuvent parler, quand les conditions sont réunies pour elles pour avoir la force de pouvoir se les dire à soi-même. Le dire à ses parents, puis à un cercle plus large, ça prend du temps. Et quand elles le disent, il faut respecter cette parole, il faut l’entendre, il faut l’écouter, la respecter, et non la dévaloriser en la mettant en doute.»

France Inter

08/02/2021

07/02/2021

Marc Pulvar, grande figure du syndicalisme martiniquais décédé en 2008, et père d’Audrey Pulvar, adjointe à la mairie de Paris, est accusé d’avoir été un «pédocriminel» par trois femmes de sa famille qui expliquent, dans une tribune, vouloir mettre un terme à l’«héroïsation du personnage».

«A l’âge de 7 et 10 ans, nos routes ont croisé celle d’un homme», écrit la conseillère territoriale Karine Mousseau avec ses cousines Barbara Glissant et Valérie Fallourd. «On l’encense aujourd’hui encore en Martinique, parce qu’il a été un militant, syndicaliste, défenseur des opprimés.»

(…)

Il est décédé en 2008 à l’âge de 71 ans. Dans une déclaration à l’AFP, sa fille, Audrey Pulvar, indique avoir «été mise au courant des crimes commis» par son père «il y a une vingtaine d’années quand mes cousines nous en ont parlé».

«Cela a été un choc très profond pour mes proches et moi. Tant qu’elles ne souhaitaient pas s’exprimer publiquement, ce n’était pas à nous, à moi, de nous substituer à leur parole de victimes», ajoute l’adjointe à la mairie de Paris et tête de liste aux régionales en Ile-de-France.

«Elles sont en mesure et ont décidé de le faire aujourd’hui: je les soutiens pleinement et admire leur courage. Je souhaite qu’elles soient entendues et que leur parole soit respectée», poursuit l’ancienne journaliste.

Article à retrouver intégralement sur Le Figaro.

En 2017, Audrey Pulvar disait à quel point elle l’admirait :

« Mon père c’était cette silhouette qui rentrait de nuit, de réunions syndicales ou politiques. Je restais éveillée parce que je voulais le voir arriver. Il passait et il ne savait pas que j’étais réveillée. Je me levais après dans la nuit, j’allais écouter Radio Moscou sur des ondes courtes. C’est ça mon père. Forcément je le regardais comme tous les enfants, ‘mon père ce héros’, mais je l’entendais parler de politique, de combat, de grève… J’ai été nourri à ça. »

TV 7 Jours

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