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Faut-il dissoudre Génération identitaire?

La conformité au droit d’une telle dissolution et l’identité du groupe doivent êtres étudiées. Sans compter que par le passé, c’est grâce à ce procédé que des militants ont pu contraindre leur milieu à accepter une modernisation.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé ce 26 janvier que ses services travaillent à une possible dissolution de Génération identitaire. Le mouvement a marqué l’actualité de la semaine précédente, à la fois par une opération symbolique de contrôle de la frontière, et par l’invitation d’une de ses jeunes porte-paroles dans une émission de prime time. Néanmoins, tant au vu de l’actuelle situation de la nébuleuse d’extrême droite que de l’histoire du droit de dissolution, que penser d’une telle initiative?

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Si les identitaires ont toujours travaillé sous la forme d’une nébuleuse, leur nouvelle organisation de jeunesse, Génération identitaire, est progressivement devenue le vaisseau amiral du milieu. Elle a même su s’exporter et compte désormais des organisations dans une dizaine de pays européens.

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Le succès de Génération identitaire s’explique par deux raisons. Tout d’abord, la demande sociale islamophobe: l’islamophobie est devenue un produit culturel important des sociétés européennes, plus encore après les attentats de 2015.

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Est-ce une bonne idée?

On l’aura saisi: les idées de Génération identitaire sont plus aisées à poursuivre que ses actes. Certes, on peut arguer que l’opération récente dans les Pyrénées, en visant à se substituer aux forces de l’ordre, tombe sous le coup de la loi. Cependant, la cour d’appel de Grenoble a très récemment relaxé les militants de Génération identitaire poursuivis pour cette même raison, pour une opération antérieure et de bien plus grande envergure dans les Alpes.

Reste donc avant tout l’idéologie. La partie est moins facile pour Gérald Darmanin qui chasse sur des terres très à droite, tant le rejet de la société multiethnique et l’islamophobie se sont massifiés dans l’opinion. Il peut certes y trouver un équilibre politique. En matière de dissolution, ce n’est pas le macronisme qui a inventé le «en même temps». En 1973, le gouvernement avait dissous conjointement la trotskiste Ligue communiste et le néofasciste Ordre nouveau: dissoudre les radicaux des deux bords est un moyen de faire passer la chose comme équilibrée aux modérés de chaque côté.

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Demeurent un écueil et une possibilité.

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Premièrement, on ne dissout ni les hommes ni les idées, et les personnes peuvent toujours investir des structures existantes ou en créer de nouvelles. Or, en la matière, le bilan des dissolutions n’est pas toujours fameux. Le politiste Xavier Crettiez l’a bien montré à propos du cas corse: après la dissolution du Front patriotique corse de libération et de Ghjustizia Paolina en 1974, la concurrence entre les nouveaux groupes a engendré quatre fois plus d’attentats nationalistes corses en 1974 et 1975 que lors de la décennie précédente. On l’a dit à propos d’Unité radicale: sa dissolution a mené ses anciens cadres à choisir de sublimer la violence par l’activisme publicitaire.

En somme, si, à la suite des dissolutions, certains militants reprennent une activité politique intégrée aux normes du débat, d’autres se radicalisent. Le milieu étant particulièrement agité par des thèses de passage à la violence interethnique et des fantasmes de guerre raciale, dissoudre l’organisation qui surfe sur ces thématiques pour les insérer dans des actions non-violentes revient à prendre le risque de voir certains militants se dire que l’action légale et pacifique ne sert à rien, donc préférer se convertir à la violence croissante du nationalisme blanc.

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L’article dans son intégralité sur Slate

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