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Alors qu’en cette fin d’année 2020, les crises se font concurrence en France et en Europe, le Président français, dans l’un de ses plus longs entretiens, est revenu avec le Grand Continent sur les principaux éléments de sa nouvelle doctrine en matière internationale.

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“Le dernier point d’inflexion est le changement démographique, qu’on oublie souvent. Dans ce qui structure ce moment, il y a ces grands changements climatiques, technologiques, politiques, économiques et financiers, et puis il y a le fait démographique. Nous avons une population qui continue de s’accroître à une vitesse folle. Nous avons, bien que je ne les défende pas, des théories malthusianistes qui vont revenir, parce que nous ne pouvons pas être dans un monde qui doit penser la rareté des ressources et la finitude de l’espèce humaine, et qui en même temps considère que sa démographie est un élément exogène. Aujourd’hui, on a atteint une augmentation de la population mondiale de 400 à 500 millions d’habitants tous les cinq ans. Et surtout, cette augmentation se fait avec des déséquilibres très profonds : si l’on prend la plaque Europe-Afrique, sur la même période, pour un pays d’Europe qui disparaît démographiquement, un pays d’Afrique apparaît. On assiste à une sorte d’accélération de la torsion de l’histoire. On a une Europe dont la démographie baisse de manière inquiétante – moins en France qu’ailleurs – on a des pays d’Europe où se produisent des mouvements de population très inquiétants, par exemple en Europe de l’Est. Et la démographie africaine est très importante. Tout cela crée aussi une reconception du monde, des capacités économiques, des destins, et vient évidemment aussi bouleverser les relations transnationales.”

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“Il y a des sensibilités différentes. Et, au fond, qu’est-ce qui pourrait compliquer aujourd’hui la relation de l’Europe avec l’Afrique ? C’est le fait migratoire, c’est cela. C’est qu’on ne regarde l’Afrique que par ce truchement. Je pense que c’est une erreur. Il faut le régler, sur certains sujets. On assiste aujourd’hui à un détournement massif du droit d’asile. C’est cela qui dérègle tout. Des groupes de passeurs, qui sont souvent aussi des trafiquants d’armes et de drogues, et qui sont liés au terrorisme, ont organisé un trafic d’êtres humains. Ils proposent une vie meilleure en Europe et ils emploient des filières qui utilisent le droit d’asile. Quand vous avez des femmes et des hommes par centaines de milliers chaque année qui arrivent sur notre sol, qui viennent de pays qui sont en paix et avec lesquels nous entretenons des relations excellentes, à qui on donne des centaines de milliers de visas par an, ce n’est pas du droit d’asile. Ou plutôt, 90 % du temps, ce n’est pas du droit d’asile. Donc il y a un détournement. Il y a une tension sur ce sujet. Il faut la régler dans un dialogue avec l’Afrique, qu’on avait initié en 2017-2018. Sur lequel il faut repartir avec beaucoup d’engagement.”

Le grand continent

3.534.996 visas ont été délivrés à des étrangers en 2019. (source : ministère de l’Intérieur)

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