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Début 2019, sur le compte instagram de Malika*, les enquêteurs comptabilisent plus de 200 vidéos et photos : des couples de combattants, des enfants soldats de Daech, des portraits d’un chef terroriste, des cadavres sur un champ de bataille… Autant d’images qu’elle partage avec 1 032 abonnés. Elle affirme au tribunal avoir fait ça pour plaire à un homme rencontré fin 2018, sur Facebook : « Je voulais qu’il pense que j’étais comme lui. »

À l’audience de la 6° chambre correctionnelle, mercredi dernier, face à la personnalité de Malika, on hésite entre colère, pitié et sidération. Cette femme de 24 ans, boulotte et mal dans sa peau, (…) ne cesse de répéter, d’une petite voix flûtée : « Je n’ai jamais appartenu à la mouvance djihadiste. » (…) Et pourtant, tout juste âgée de 18 ans, elle partira en Syrie épouser un combattant de Daech. En 2014 comme en 2018. (…) Une fois sur place, elle déchante. Son mari est violent, il lui impose des relations avec d’autres hommes, prend une deuxième épouse. Malika s’échappe, revient en France, où elle est rendue à sa famille sans autre procédure qu’une fiche S. (…)

Malika estime qu’il lui a manqué un suivi psychologique à son retour de Syrie. Son avocate M. Cherifa Benmouffok précise : « C’est le même fonctionnement qu’une secte. Les photos qu’elle publie après cinq ans de silence, c’est la suite logique de quelqu’un à qui on n’a pas remis le cerveau à l’endroit. Elle y retourne parce que c’est la seule façon de tomber amoureuse qu’elle connaît. » La procureure apostrophe la prévenue : « C’est quoi votre limite ? Et si on vous demande de vous faire sauter ?». Le tribunal a condamné Malika à dix-huit mois de prison dont six ferme (le parquet en avait requis douze) qu’elle purgera sous bracelet électronique.

* Son prénom a été changé pour sa sécurité.

La Voix du Nord

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