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14/11/2020

INTERVIEW. Après un dialogue houleux avec des jeunes le 22 octobre à Poitiers, la secrétaire d’État à la Jeunesse a diligenté une inspection. Elle s’explique.

(…) Je m’assois et j’écoute attentivement les propos de ces jeunes, et voilà ce que j’entends, voilà ce que les jeunes m’expriment très directement : certains disent qu’ils veulent « interdire le droit au blasphème », que « les journalistes sont pro-israéliens », qu’il faut « interdire aux journalistes de parler de l’islam », le « souhait de porter le voile au lycée »

(…) Je décide alors d’entonner, avec eux, la Marseillaise, pour créer un mouvement commun. Je suis particulièrement seule.

(…) Nous sommes une semaine après l’assassinat de Samuel Paty et ces 130 jeunes travaillent sur ce sujet depuis quatre jours. Comment cela est-il possible ?

C’est ce point qui m’interroge. J’ai besoin de comprendre, puisqu’ils étaient encadrés par des adultes. Comment ont-ils été accompagnés ? Comment le travail pédagogique a-t-il été mené ? Comment, en plusieurs jours de travaux, en sont-ils arrivés à de tels propos sans que cela n’alerte personne ? C’est pourquoi, afin de bien comprendre le travail qui est conduit avec ces groupes de jeunes, le ministère de l’Éducation nationale lance une inspection de la Fédération des centres sociaux, co-organisatrice de ces débats. (…)

Le Point


23/10/2020

Sarah El Haïry, secrétaire d’état à la jeunesse et à l’enseignement, est venue sonder, à Poitiers, les jeunes engagés dans le réseau des centres sociaux./

Elle a l’énergie des trentenaires, la conviction chevillée à son maroquin et le tutoiement naturel lorsqu’elle s’adresse aux jeunes : Sarah El Haïry, secrétaire d’État à la Jeunesse et à l’Éducation auprès du ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, est allée, hier matin, à la rencontre du réseau Jeunes des centres sociaux accueillis dans les locaux de l’ensemble scolaire privé Isaac de l’Étoile.

(…)

Des mots bien faibles à l’impact superficiel pour Nahel et Kandjoura, en terminale générale à Châtellerault : « Ce qu’on attend, ce sont des réponses concrètes, on veut des actes, elle ne répond qu’à moitié. » Et la secrétaire d’État de reprendre son bâton de pèlerin en rappelant ce qu’est l’école, « un lieu vibrant de la construction libre, sanctuaire de la République », qui permet aux adolescents de devenir des adultes capables de penser par eux-mêmes.

« Très bien », répondent en écho les intéressés mais « nous voulons affirmer nos différences, porter des signes distinctifs religieux aux lycées, avoir des espaces pour nous, ne plus vivre des discriminations. » La liste est longue. Les témoignages forts. « J’étais en seconde, la seule noire dans ma classe. J’étais mise à l’écart, je faisais tous les travaux mais sans jamais de reconnaissance », raconte l’ado.

La colère, la fatigue des jeunes, Sarah Haïry l’a ressenti et a essayé de faire le tampon avec cette génération et, pour l’unir, a chanté la Marseillaise. Personne ne s’est levé. Pas même un élu. « Je l’ai fait pour nous unir ». Peu de jeunes ont repris en chœur l’hymne national : « C’est un chant guerrier alors que les religions monothéistes prônent la paix »,lui rétorquent des jeunes filles.

La Nouvelle République

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