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[…] Souhaitant obtenir le point de vue d’un expert de la guerre économique, nous avons interrogé Frédéric Pierucci, le co-auteur du livre Le piège américain. Alors qu’il était un cadre dirigeant d’Alstom, les États-Unis l’avaient incarcéré dans le but manifeste de contraindre ce fleuron français d’accepter l’offre de rachat par General Electric. Loin de saluer la décision de l’Élysée concernant Photonis, Frédéric Pierucci nous explique pourquoi elle est scandaleuse, et nous offre des solutions alternatives.
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Développant ses arguments, Frédéric Pierucci observe que, dans le cas de Photonis, « l’Exécutif a une nouvelle fois ressorti la même vielle boite à outil purement théorique de vente “sous conditions” qui ne fonctionne pas : engagements classiques non chiffrés de réinvestissements des bénéfices en R&D en France, préservation des emplois à Brive-la-Gaillarde, non-transferts des données sur les théâtres d’opération aux États-Unis, “non-ITARisation” de la technologie, entrée de Bpifrance en minoritaire au capital, etc. Bref, comme dans le processus de vente d’Alstom Power, pour se donner bonne conscience et faire passer la pilule auprès de l’opinion publique, l’on a habillé la mariée avec des artifices pseudo-juridiques qui seront absolument impossibles à mettre en œuvre le moment venu. En cas de conflits de lois ou d’intérêts, Teledyne devra d’abord se soumettre à ses obligations vis-à-vis de ses actionnaires américains et du gouvernement des États-Unis, quitte à enfreindre n’importe quel accord négocié avec les autorités françaises. Penser le contraire est une simple vue de l’esprit. »
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Lorsque l’on s’intéresse aux stratégies de guerre économique déployées par Washington, l’on ne peut qu’être interloqué par cette apparente naïveté – pour ne pas dire cet aveuglement idéologique –, de notre Exécutif. Or, le parcours d’Emmanuel Macron depuis son mandat de conseiller économique de François Hollande nous montre une tendance systématique à encourager la vente de nos fleurons à des firmes étrangères, dont plusieurs entreprises américaines (Alstom Power, Technip). En Europe, le rachat d’Alcatel-Lucent par Nokia avait été validé par le ministre de l’Économie Emmanuel Macron en 2015 ; il va finalement engendrer la suppression de 1 233 postes, malgré ses promesses initiales sur le maintien de ces emplois. […]

Interview sur Deep-news

http://www.fdesouche.com/1410145-desaccord-entre-bercy-et-larmee-sur-lentreprise-strategique-photonis-lelysee-tranche-en-faveur-de-la-vente-aux-americains

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