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Selon Philippe Bernard, éditorialiste au Monde, le déboulonnage de certaines statues est indispensable pour “faciliter l’émergence d’un récit partagé, acceptable par tous”.

Les statues meurent aussi. Du sud des Etats-Unis à la France en passant par le Royaume-Uni, la déferlante iconoclaste déclenchée par le meurtre de George Floyd donne une actualité inattendue au titre du fascinant documentaire anticolonialiste tourné en 1953 par Alain Resnais et Chris Marker. Dans le sillage d’un mouvement inédit de mondialisation de l’antiracisme, les monuments honorant des figures de la traite négrière ou de ses défenseurs, pour lesquels les « vies noires » ne comptaient pas, sont soudain ciblés comme autant de symboles inadmissibles et d’obstacles au vivre-ensemble.

[…] Ceux qui en exigent la disparition ne sont pas des colonisés, mais des citoyens de pays démocratiques de toutes origines, qui se sentent injuriés par ces monuments, au regard de leur histoire et au nom de leur exigence d’égalité.

Qu’il s’agisse du général Robert Lee dont le monument va être démonté à Richmond (Virginie), d’Edward Colston, négrier dont la statue a été abattue, dimanche 7 juin par les manifestants à Bristol (Angleterre), ou de la campagne, en France, pour retirer celle de Colbert qui trône devant l’Assemblée nationale à Paris, les personnalités visées sont autant de figures d’une histoire glorieuse devenue honteuse. Les enjeux sont communs : faire cesser la souffrance engendrée par des hommages blessants, permettre l’appropriation par les descendants des victimes d’une histoire complexe jusque-là écrite par les vainqueurs, faciliter l’émergence d’un récit partagé, acceptable par tous. […]

Le Monde

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