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Pour le sociologue Nicolas Charles, la suppression des oraux dans les concours ne changera pas vraiment la donne pour les candidats retenus. Pour Libération, il analyse les conséquences du bouleversement des concours sur le profil des candidats retenus et ce que la situation dit de notre attachement à ce mode de recrutement.

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La modification des épreuves pourrait accentuer le caractère aléatoire des concours ?

La situation nous renvoie surtout à notre croyance collective dans les concours. En France, on pense que le concours, qui met en théorie tous les individus face à une même situation au même moment et dans les mêmes conditions, crée une forme d’égalité des chances parfaite. On rencontre souvent une préférence de l’écrit face à l’oral parce que l’oral semble souvent relever davantage de la subjectivité des évaluateurs, alors que l’écrit serait une forme de pure objectivité, mais tout cela est une vue de l’esprit : les correcteurs varient, et même dans les disciplines vues comme plus objectives, comme les mathématiques, on peut voir une grande variété de notes pour une même copie. […]

En France, l’attitude classique consiste à traiter le lycée d’origine comme un signal de la qualité du candidat. A notes égales, on va favoriser un élève d’un «bon» lycée, en se disant qu’un 14 vaut plus à Henri-IV que dans un lycée de banlieue. Une posture, plus répandue en Grande-Bretagne, consisterait à prendre en compte non pas le mérite purement scolaire, mais le mérite de l’effort. Cela revient, à notes égales, à favoriser plutôt le candidat issu d’un lycée de banlieue que celui qui vient de Henri-IV. On favorise une personne qui y a mis du sien dans des conditions compliquées, en se disant que même s’il est moins bon scolairement, il fera davantage d’efforts et réussira mieux au final. Les conditions sociales peuvent aussi être plus facilement prises en compte dans les dossiers, en décidant par exemple de favoriser les boursiers. [..]

Libération

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