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Mark D. Levine : Président du comité de santé du Conseil de la ville de New York (démocrate)

Si le système de santé de New-York City atteint actuellement ses limites de capacité, il en va malheureusement de même pour le système de gestion des personnes décédées. Cela va avoir de grandes implications pour les familles en deuil. Et pour nous tous.

L’organisme de gestion des morgues de la ville de New York, géré par le bureau du médecin légiste en chef, a beau être un des mieux organisés au monde, il doit traiter actuellement avec l’équivalent des décès du 11 septembre 2001. Il en va de même des morgues d’hôpitaux, des salons funéraires et des cimetières.

Une morgue d’hôpital peut habituellement contenir 15 corps. Celles-ci sont désormais toutes occupées. La morgue de New-York a donc envoyé 80 remorques réfrigérées aux hôpitaux de la ville. Chaque remorque peut contenir 100 corps. Celles-ci sont maintenant presque remplies. Certains hôpitaux ont dû ajouter une deuxième voire une troisième remorque.

Les familles en deuil rapportent avoir appelé jusqu’à une demi-douzaine de salons funéraires et n’en trouver aucun qui puisse s’occuper de leurs proches décédés. Les cimetières ne sont pas en mesure de traiter le nombre de demandes d’inhumation et les refusent désormais.

Les décès dans les hôpitaux ne sont hélas pas les seuls à prendre en compte. La ville de New-York comptabilisait en moyenne avant cette crise de 20 à 25 décès de personnes à leur domicile chaque jour. Actuellement, ce nombre est de 200 à 215 décès chaque jour.

Au début de cette crise, nous avons pu tester les personnes décédées chez elles et ainsi obtenir une connaissance de leur contamination au coronavirus. Ceci n’est plus possible depuis bien longtemps. Nous n’avons tout simplement pas la capacité de tester les gens qui meurent à la maison.

Désormais, seuls ceux qui ont eu une confirmation de test avant de mourir sont marqués comme victimes de coronavirus sur leur certificat de décès.
Nous sous-estimons donc plus que probablement le nombre total de victimes de cette pandémie. Et le nombre de corps continue d’augmenter.

Nous allons devoir entamer une phase d’ « inhumation temporaire ». Cela se fera probablement en utilisant un parc de NYC pour les enterrements.

Des tranchées seront creusées pour 10 cercueils en ligne.

Cela se fera de manière digne, ordonnée et temporaire.

Cela sera difficile à accepter pour les New-yorkais, mais le but est d’éviter des scènes comme en Italie, où les militaires ont été contraints de récupérer des corps dans les églises et même dans les rues.

La morgue de New-York aura besoin de nombreux personnels pour atteindre cet objectif. Le ministère de la Défense et la garde nationale de New York ont déjà envoyé des équipes et des médecins légistes bénévoles sont venus de tout le pays. Mais nous allons avoir besoin de beaucoup plus d’aide si nous voulons éviter une catastrophe.

Alors que New York continue de faire appel à la nation pour obtenir de l’aide, nous devons demander non seulement des médecins, des infirmières et des inhalothérapeutes. Nous avons également besoin de personnel des affaires mortuaires. C’est difficile à dire et peut-être difficile à demander. Mais nous n’avons pas le choix. Les enjeux sont trop élevés.

Pour récapituler : rien n’est plus important dans cette crise que de sauver des vies. Mais nous devons faire face à la terrible réalité de la gestion de nos morts. Ou la douleur de cette crise sera aggravée presque au-delà de la compréhension.

Compte Twitter de Mark D. Levine

M. Levine est revenu sur la partie la plus marquante de son intervention : les enterrements provisoires ne seront réalisés que si le rythme des décès se poursuit dans les prochains jours :

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