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Dans sa chronique au « Monde », l’économiste Thomas Piketty estime qu’on ne peut pas définir un projet politique et un modèle de développement en s’appuyant simplement sur le libre-échange, la concurrence de tous contre tous et la discipline de marché.

Ainsi donc le Royaume-Uni a-t-il quitté officiellement il y a quelques jours l’Union européenne. Que l’on ne s’y trompe pas : avec l’élection de Trump aux Etats-Unis en 2016, il s’agit d’un bouleversement majeur dans l’histoire de la mondialisation. […]

A terme, la politique de repli nationaliste et identitaire ne résoudra aucun des grands défis de notre temps, inégalitaires et climatiques, d’autant que les trumpistes et les brexiters ajoutent une nouvelle couche de dumping fiscal et social en faveur des plus riches et des plus mobiles, ce qui ne fera qu’accroître les inégalités et les frustrations. Mais dans l’immédiat, le discours nationaliste-libéral apparaît souvent aux électeurs qui votent encore comme la seule réponse nouvelle et crédible à leur malaise, faute de discours alternatifs plus convaincants. e fait, ce risque de dérive idéologique dépasse de très loin le cadre anglo-saxon. La tentation identitaire et xénophobe existe un peu partout, en Italie et en Europe de l’Est, au Brésil ou en Inde. En Allemagne, le « centre droit » vient d’élire en Thuringe un gouvernement régional avec les voix de l’extrême droite, pour la première fois depuis la guerre.

En France, l’hystérie arabophobe atteint des sommets. Une part croissante de la presse semble s’imaginer que la « gauche » serait responsable de la montée de l’islamisme mondial, du fait de sa permissivité, de son tiers-mondisme et de son électoralisme. En réalité, si les électeurs d’origine nord-africaine ou subsaharienne votent pour les partis de gauche, c’est avant tout du fait de la violente hostilité exprimée à leur encontre par la droite et l’extrême droite, de même que les électeurs noirs aux Etats-Unis ou musulmans en Inde. […]

Le Monde

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