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Pour le politologue Olivier Le Cour Grandmaison, c’est sous la IIIe République que des intellectuels comme Ernest Renan commencent à expliquer les «spécificités» des Arabes en faisant de l’islam une religion de fanatiques et de fatalistes. Une pensée anti-musulmans au service des politiques coloniales de la France qui perdure. Il vient de publier «Ennemis mortels. Représentations de l’islam et politiques musulmanes en France à l’époque coloniale”.

«Toute personne un peu instruite des choses de notre temps voit clairement […] la décadence des Etats gouvernés par l’islam, la nullité intellectuelle des races qui tiennent uniquement de cette religion leur culture et leur éducation.» Cette phrase n’a pas été prononcée sur le plateau de CNews la semaine dernière, mais devant la Sorbonne en 1883. Son auteur était Ernest Renan, figure intellectuelle de la fin du XIXe siècle, dont la pensée a incarné autant qu’elle a influencé une «islamophobie savante» en vogue chez les élites de la IIIe République, raconte Olivier Le Cour Grandmaison dans «Ennemis mortels», paru à La Découverte. […]

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Notre rapport à Renan est en grande partie déterminé par deux textes : “La Réforme intellectuelle et morale de la France” (1871) et “Qu’est-ce qu’une nation ?” (1882). Or, pour ses contemporains, Renan est aussi un grand spécialiste des religions en général et de la religion musulmane en particulier. De plus, au tournant du siècle, il jouit d’une triple légitimité : scientifique puisqu’il est professeur au Collège de France, institution ô combien prestigieuse ; littéraire puisqu’il est élu à l’Académie française, et politique enfin puisque, en raison des textes précités, notamment, il est pensé comme l’un des pères spirituels de la IIIe République. Aussi a-t-il l’oreille de responsables politiques majeurs : Jules Ferry, entre autres. […]

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