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Réputé pour ses remarquables portraits littéraires de grands esprits et de personnages historiques, l’écrivain Jean-Michel Delacomptée explique son art. Il confie ses inquiétudes sur la transmission de la littérature classique à la jeunesse, mais aussi ses espoirs. Agrégé de lettres et universitaire, l’écrivain Jean-Michel Delacomptée est un auteur renommé pour ses nombreux portraits littéraires – Montaigne, Racine, Bossuet, Saint-Simon, notamment- souvent parus dans la prestigieuse collection «L’Un et l’autre» de J.-B. Pontalis chez Gallimard.

La langue du XVIe et du XVII siècles possède un charme puissant. C’est une langue neuve, riche d’une énergie juvénile, nourrie de la rigueur du latin, et imprégnée d’une grandeur royale. Il suffit de penser au tranchant de la prose de Pascal ou des vers de Racine pour en saisir la force, la sobre éloquence, pour mesurer l’intensité à laquelle s’élève cette langue musclée, sans concession, sans bavardage. L’art des formules, des aphorismes, de l’éclat, est porté à un très haut degré au Grand Siècle.

[…] Imaginez que Notre-Dame de Paris soit rasée. Délaisser complètement la littérature classique constituerait une catastrophe de même nature. Un continent linguistique s’éloigne de la jeunesse actuelle, avec le risque qu’il disparaisse corps et biens.

La conséquence en est très concrète: l’horizon des jeunes gens se rétrécit. La modernité se caractérise par une spécialisation croissante des métiers et des savoirs. Cette dissociation croissante, cette déliaison continue, obscurcit le rapport au monde, dont le sens ne cesse de s’effacer. Les seuls instruments de liaison, ce sont la culture générale et la maîtrise de la langue. Toutes les racines de la langue française, son corps même, viennent de la littérature de l’âge classique. Ne plus fréquenter celle-ci entraîne la méconnaissance foncière de notre langue. Et la déperdition de la langue entraîne celle de la pensée. C’est en cela que l’enseignement des lettres relève profondément de la politique, et qu’il est urgent de s’interroger sur les méthodes qu’il promeut. […]

Le Figaro

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