Fdesouche

[…] L’auteur – à moins qu’à la suite de l’Académie française il ne faille parler d’autrice, voire d’auctrix si l’on en revient aux origines du mot – nous propose une étude historique portant sur les liens entre la « formation du genre », autrement dit sur la discrimination de la femme, et la mouvance colonialiste dominante jusqu’à l’issue de la Seconde guerre mondiale.

Pour ce faire, Patricia Purtschert invoque dans son texte deux figures emblématiques, la « femme au foyer » et « l’alpiniste », deux personnages ayant joué des rôles symboliques importants dans la constitution identitaire helvétique, en rappelant d’une part la soumission de la femme au travail domestique, mais une femme blanche, civilisée et consumériste se distinguant par sa « race » tout en étant subordonnée à l’homme, et en mettant en lumière d’autre part la masculinité blanche de l’alpiniste, conquérant des grands sommets du monde, vecteur de colonialisme, dans l’Himalaya notamment.

La chercheuse établit ainsi des liens entre racisme et sexisme, faisant un crochet au détour de son texte par le zoo de Zurich qui naguère présentait un « village sénégalais », ou encore par la publicité dont le credo reste bien souvent la femme blanche, en insistant sur cette part d’altérité non acceptée d’une nation qu’elle définit comme profondément sexiste.

Si certains choix de l’universitaire relèvent inévitablement de partis pris inhérents à des postures intellectuelles, voire méthodologiques, le texte convainc, frappe même le lecteur confronté à des réalités égrenées au fil des pages tant il est vrai que l’acceptation de l’autre, quel qu’il soit, demeure aujourd’hui encore – ou peut-être aujourd’hui surtout ? – un défi quotidien !

Le Temps

Fdesouche sur les réseaux sociaux