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Le ministère de l’intérieur aurait-il pour habitude de jouer sur les statistiques de la délinquance ? Désemparé, le ministère de l’Intérieur ment et nie l’évidence. Une attitude qui ne fait qu’ajouter au sentiment d’insécurité des Français.

Atlantico : Que définissez-vous comme étant les principaux “mensonges” du ministère l’Intérieur ?

Xavier Raufer : Ces mensonges sont au nombre de trois :

Mensonge N°1

Les blessés des guerres de gangs décomptés en “violences physiques non-crapuleuses” ou “violences gratuites” – Hors des homicides, l’Intérieur décompte les blessés même graves ou mourants, de ces batailles, comme “violences physiques non-crapuleuses” ou “violences

gratuites”, moyen facile de délester l’inquiétant poste statistique des violence entre bandes criminelles. Or ce classement est un total non-sens : rien de plus stratégique et prémédité que ces batailles dont l’objet – fort “crapuleux” et pas du tout “gratuit”, est d’usage d’assurer le contrôle criminel d’un gang sur “son” territoire et d’en chasser la “concurrence”.

Mensonge N°2

L’escamotage des cambriolages – Jusqu’à présent, les chiffres publiés chaque mois par la statistique du ministère de l’Intérieur concernent – étrangement – les seuls cambriolages de résidences principales. Votre maison de campagne est cambriolée ? C’est négligé par la statistique publique. Or ces cambriolages “évaporés” (locaux officiels, d’entreprises ; locaux agricoles, résidences secondaires etc.) forment – proportion considérable – ± 40% du total connu. Comme c’est la norme en Europe, l’Intérieur devrait publier le total des cambriolages en y précisant combien de résidences secondaires, de locaux professionnels, agricoles ou officiels, etc. Que l’Intérieur fournisse plutôt des chiffres tronqués et révélateur – et inquiétant.

Mensonge N°3

Entre Intérieur et Justice : l’évaporation des vols avec armes […]

En janvier dernier, un sondage d’Odoxa révélait que 61% ressentaient un sentiment d’insécurité. Alors que la tension sociale ne redescend pas et que les manifestations se multiplient, diriez-vous que ce sentiment d’insécurité progresse chez les Français ?

Christophe Boutin : Oui, et selon le même institut de sondage ce sentiment d’insécurité était même de 66% fin 2017. C’est un sujet sur lequel on a déjà beaucoup travaillé. On peut lire, par exemple, des études comme l’enquête de victimisation 2018, ou la note de 2017 sur le projet Margin, approche européenne de l’insécurité, que l’on peut encore consulter pour quelque temps sur le site de l’Institut National des Hautes Études de la Sécurité et de la Justice (INHESJ), une institution qui existait depuis 13 ans et dont Emmanuel Macron… vient d’annoncer la fermeture.
[…]

L’Observatoire national de la délinquance et de la réponse pénale notait en tout cas dans son enquête 2017 une hausse significative du sentiment d’insécurité : 22% des répondants ne se sentaient pas en sécurité dans leur quartier en moyenne nationale. Les conséquences sont lourdes puisque 44% de ceux qui éprouvent cette insécurité renoncent parfois à cause de cela à sortir seuls de chez eux – soit 17 % des Français, 1/6e. D’ailleurs, pour 62 % des Français (Odoxa 2017), la sécurité a compté dans le choix de leur lieu de résidence, et 61 % des Français disaient pouvoir refuser un travail à cause d’une insécurité alentour.
[…]

Vincent Tournier : Si l’on en croit les sondages d’opinion, le sentiment d’insécurité n’augmente pas ; il a même plutôt tendance à baisser. Ce résultat incite donc à être optimiste. Toutefois, les enquêtes de victimation indiquent que la criminalité se maintient à des niveaux très élevés.
[…] On pourrait illustrer cette stratégie d’adaptation par une comparaison : le risque d’être tué par un requin. On entend en effet souvent dire que les humains ont moins de chance d’être tués par un requin que par des moustiques ou des guêpes. Ceux qui soutiennent ce raisonnement en tirent une conclusion absurde : les requins ne sont pas dangereux. En réalité, si les gens sont rarement tués par des requins, c’est tout simplement parce qu’ils évitent de nager dans les endroits où ceux-ci pullulent (alors qu’il est difficile d’éviter les endroits où il y a des moustiques ou des guêpes). C’est cet évitement que l’on retrouve dans la vie courante : les gens ne sont pas stupides ; ils ont une connaissance intuitive de la vie sociale, ils connaissent les risques, donc ils adaptent leurs modes de vie. Bref, le principal facteur qui a fait baisser le sentiment d’insécurité n’est probablement rien d’autre que le séparatisme social. Si on forçait les gens à « vivre ensemble », il est à craindre que l’insécurité et la délinquance augmentent fortement.

Ce sentiment d’insécurité est-il exacerbé par les petits mensonges ou le manque de transparence du Ministère de l’Intérieur notamment au regard des statistiques publiées sur la délinquance ?

Christophe Boutin : Bien évidemment. L’État ne peut se permettre de travestir la réalité sans courir le risque de perdre la confiance de sa population, et c’est ce qui est en train de se passer sur les questions de l’insécurité ou de l’immigration. […]

Atlantico

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