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Le concept de « grand remplacement » qu’il a popularisé vaut à l’écrivain Renaud Camus d’être devenu une figure de l’extrême droite identitaire en France et dans le monde. Lucie Soullier, journaliste au Monde, l’a rencontré.

Le château gascon perché, la cloche à faire tinter pour s’y engouffrer, la vue sur un paysage presque caricaturalement français… Le panorama tourne à l’avertissement dès l’entrée : s’aventurer sur le terrain de Renaud Camus, c’est prendre le risque de tous les clichés. Château de Plieux, Gers, octobre 2019. «Fête de Saint-Juste», précise l’écrivain. Allure et verbe distingués, veste en laine et barbe sel, le septuagénaire joue avec le photographe en offrant le profil que, selon lui, on attendrait de lui. Nous serions venus rendre visite au diable en sa demeure, qu’il fait visiter sans ambages. Une vieille habitude dans ce monument classé qu’il occupe depuis plus de vingt-cinq ans.

A 73 ans, c’est un vieux monsieur courtois qui prend le thé en s’amusant de notre venue, laquelle se finira forcément par « des horreurs » imprimées. Pourquoi nous permet-il donc d’entrer ? « Pour les 1 % qui pourraient se dire en vous lisant : “Il n’a pas tout à fait tort.” » Lui est donc là pour convaincre, nous pour tenter de comprendre comment cette figure de la littérature gay des années 1970-1980 au talent justement remarqué à l’époque est devenue, aujourd’hui, l’icône de ceux qui jurent au « grand remplacement », rengaine de l’extrême droite selon laquelle une « population française traditionnelle », « de souche » disparaîtrait à la faveur de son « remplacement » par une autre, extra-européenne.

«On peut difficilement penser que moi, je promeus une idéologie de la haine», s’affranchit-il d’emblée. Certains dans le monde ont pourtant pris son «combat» au mot et retourné leurs armes contre les « occupants » désignés. Le terroriste australien responsable du massacre de 51 personnes dans deux mosquées de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, le 15 mars 2019, avait ainsi intitulé son «manifeste» : « Le grand remplacement ». […]

Le Monde

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