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[…] Votre essai s’intitule « Combattre le voilement ». Est-ce que combattre le port du voile ce n’est pas par extension stigmatiser les femmes musulmanes qui le portent ?

Si on veut être logiques, en le portant, c’est elles qui se stigmatisent toutes seules puisque c’est leur choix. Je m’attache au stigmate volontaire, le voilement, en quoi il signifie le consentement à suivre une orthodoxie stigmatisante en elle-même pour les femmes. Et je dis que les femmes qui se voilent stigmatisent les femmes musulmanes qui ne se voilent pas et apparaissent ainsi comme mauvaises musulmanes.

« (…) l’obsession du voile chez les féministes blanches qui veulent bien être solidaires d’autres femmes à condition de rester leurs grandes sœurs. C’est le propre d’un féminisme civilisationnel et impérialiste » (Françoise Vergès). Que pensez-vous de cette citation ?

Je dirai à cette femme millionnaire dont la famille s’est emparée de l’île de la Réunion et y a régné en colons qu’elle doit donc savoir de quoi elle parle. Mais l’obsession du voile est du côté des indigénistes et des islamistes qui vont devant toutes les institutions pour en faire l’alpha et l’Oméga de la liberté de la femme. Que fait Mme Vergès à part être la grande sœur condescendante qui prétend me dire comme vivre authentiquement mon identité de fille d’immigrés ? Enfin, les féministes blanches bourgeoises sont plus nombreuses du côté de R. Diallo et de F. Vergès que du mien ou de celui de Zineb El Rhazoui. C’est fou comme elles traquent le patriarcat blanc partout et absolvent son pendant arabo-musulman. Les hypocrites. […]

Fatiha Agag-Boudjahlat est âgée de 39 ans, elle est née le 29 décembre 1979 à Montbéliard (Franche Comté). Elle est enseignante en collège depuis 14 ans, elle a été secrétaire du MRC (chevenementiste) en charge de l’éducation de 2015 à 2017. Elle a démissionné pour ne pas soutenir Benoît Hamon. Militante française féministe universaliste, elle a cofondé « Vivre la République » avant de le quitter.

Mediapart

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