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Editorial du Monde sur la percée de l’AfD lors d’élections régionales dans le Brandebourg et en Saxe. « Ce succès de l’AfD en ex-RDA est un symptôme ».

[…] Dans aucun Land d’ex-Allemagne de l’Ouest, l’AfD n’a conquis de telles positions. En 2013, c’est pourtant dans la banlieue de Francfort, à l’Ouest donc, qu’une vingtaine d’économistes et d’essayistes avaient créé ce parti, dont la principale revendication était de prôner la fin de l’euro et le retour du deutschemark. Depuis, la crise des réfugiés est passée par là, l’AfD a mis l’immigration, la sécurité et l’islam au cœur de son agenda, et le centre de gravité du parti s’est déplacé vers l’Est. « L’AfD est le nouveau Volkspartei [parti populaire] de l’Est», a déclaré, dimanche, Björn Höcke, le leader de l’aile dure du parti, chef de la fédération de Thuringe. […]

Une formation politique, Die Linke, et avant elle le PDS, lui-même héritier du SED, le parti au pouvoir en RDA, a longtemps porté la voix de la contestation dans cette partie du pays. Dimanche, Die Linke s’est effondré en Saxe et dans le Brandebourg, laissant l’AfD se poser en porte-parole des déçus de la réunification, au point de promettre une Wende 2.0. (« tournant 2.0 »), trente ans après le «tournant» des années 1989-1990.

Que la captation d’héritage soit grossière n’est pas le sujet. Le résultat des urnes montre qu’elle est efficace. Trois décennies après la réunification, l’Allemagne ne peut laisser se dresser un nouveau mur. Elle ne peut laisser se creuser une telle fracture démocratique, au risque d’une terrible régression historique.

Le Monde

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