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L’engagement des militants anticoloniaux français pour l’indépendance de l’Algérie, marqué par l’occultation de l’islam, explique les positions actuelles d’une partie de la gauche, soutient l’anthropologue Jean-Loup Amselle. Parmi ses publications, « Les nouveaux rouges-bruns. Le racisme qui vient ».

L’islamophobie est une notion contestée en elle-même puisque, de par sa seule énonciation, elle a pour effet d’entraîner de profonds clivages au sein de ce qu’on peut appeler la gauche radicale. […] On peut avancer que, pour tous ceux qui ont lutté en faveur de cette cause, leur relation avec le FLN et les insurgés algériens est restée affectée par un profond malentendu. En effet, l’engagement de ces militants en faveur de la cause algérienne a fait l’objet d’une occultation et d’une préférence inavouée. L’occultation tient à l’aveuglement concernant la nature profondément musulmane du peuple algérien dans son ensemble. Ceux qui soutenaient sa lutte étaient des militants d’extrême gauche, communistes ou non, « porteurs de valises » ou non. A l’époque, ils n’accordaient aucune attention à la religion, si ce n’est pour la caractériser comme un « opium du peuple » et donc un instrument de domination, en aucun cas un outil de libération des peuples opprimés. […]

Pour ces militants, dans le cadre de la révolution algérienne, une double libération devait donc être obtenue : par rapport à la France et par rapport à la culture arabo-musulmane. Or, la révolution algérienne n’était en aucun cas une révolution laïque. C’était une révolution nationaliste, même si ses aspects culturels et religieux n’étaient pas mis en avant par les leaders indépendantistes algériens eux-mêmes. […]

Le Monde

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