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La France est aujourd’hui un pays multilingue, pourtant de nombreuses langues parlées par les élèves ne trouvent toujours aucune place à l’école. A quand une éducation inclusive se demandent Christine Hélot, professeure émérite de l’Université de Strasbourg, présidente d’honneur de l’association Dulala (D’une langue à l’autre) et Anna Stevanato, fondatrice et directrice de l’association Dulala ?

«Je ne veux pas parler espagnol, on est en France, ici mes copains parlent français», dit un enfant franco-colombien de 5 ans. «Aucun problème pour chanter une comptine en anglais. Mais une berceuse en lingala, je ne suis pas sûre d’en avoir le droit», déclare une professionnelle de la petite enfance dans une crèche en région parisienne. Aujourd’hui, en France, on parle de nombreuses langues autres que le français, langue officielle de notre République. La France est donc bien un pays multilingue, comme de nombreux autres pays d’ailleurs et, à vrai dire, elle l’a toujours été. Mais l’idéologie de l’Etat-nation a instauré dans notre culture un monolinguisme qui a fortement marqué notre imaginaire, et en particulier notre système éducatif. Certes, on enseigne les langues étrangères depuis très longtemps mais de nombreuses langues parlées par les élèves n’y trouvent toujours aucune place. […]

On l’aura compris, les langues ne sont pas égales, ni dans la société ni à l’école et certains bilinguismes sont valorisés (quand il s’agit de langues européennes telles que l’anglais ou l’allemand) et d’autres sont stigmatisés quand il concerne les langues de la migration. Si l’on estime qu’en France, aujourd’hui, environ un enfant sur quatre grandit avec deux ou plusieurs langues dans sa famille, il est légitime de se demander ce que ces langues deviennent à l’école. La réponse est déconcertante : ces enfants bi/plurilingues redeviennent pour la plupart monolingues à l’école, où leurs compétences linguistiques sont soit ignorées soit interdites. […]

Libération

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