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[…] Condamné à mort début juin par le tribunal central criminel d’Irak, Fodil Tahar Aouidate, un Français de 33 ans originaire de Roubaix, est actuellement détenu dans la prison de Mouthana à Bagdad avec ses compatriotes. Il a contacté Le Point par téléphone. Le combiné est mis à sa disposition tous les dix jours par l’administration pénitentiaire. Il accuse la France d’avoir organisé le transfert de ses ressortissants de la Syrie vers l’Irak à qui elle aurait, selon lui, sous-traité leur destin judiciaire.

[…] Après neuf mois de détention, en janvier 2019, et au lendemain d’une visite de la Croix-Rouge, on a été transféré avec Brahim Nejara (originaire de Lyon, condamné à mort, NDLR) et Mourad Delhomme (originaire de Meaux, condamné à mort, NDLR) dans la prison de Derrik, en Syrie, à la frontière entre la Turquie et l’Irak. Là, on a eu peur d’être livrés à Bachar. […] Le premier interrogatoire se déroulait en présence de policiers français. Une traductrice s’adressait à nos « interrogateurs ». Après cette audition musclée, on a été transféré dans la prison de Mouthana, à Bagdad, près de l’aéroport. Nous y sommes régulièrement torturés. […] Le consul de France est venu au bout de trois mois de détention, on lui a parlé des tortures. Il n’a eu aucune réaction.» […]

Selon Nabil Boudi, l’avocat d’Aouidate : « La France a un rôle ambigu dans ce dossier. Au moins la moitié des condamnés à mort n’ont jamais mis les pieds en Irak. On peut considérer que la France cherchait un moyen de ne pas les rapatrier. Seuls des Français ont été transférés à Bagdad. D’autre part, d’autres djihadistes sont en outre détenus en Irak, ils ne font pas l’objet d’une condamnation à mort. D’autres encore croupissent dans les geôles kurdes et n’ont pas été expulsés. Ce qui pose des questions sur le traitement des 11 Français condamnés à mort. La France a versé de l’argent à l’Irak comme l’a reconnu le président de la cour criminelle qui a jugé mes clients. »

Par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, ou de celle de la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, la France considère que les condamnations des ressortissants français en Irak sont conformes aux règles d’un procès équitable, tout en affirmant son opposition à la peine de mort. Plusieurs accords militaires et financiers lient Paris à Bagdad, mais les preuves d’une sous-traitance des procédures judiciaires à un Etat autoritaire comme l’Irak manquent. […]

Le Point

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