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Sinologue, directeur de recherche au Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R) et membre de l’Amicale des anciens des services spéciaux de la défense nationale, François-Yves Damon est l’auteur de plusieurs notes sur le renseignement chinois. D’après lui, « Le rapport de force imposé par la Chine l’emporte sur l’utopie européenne construite sur le pacifisme »

Dans un monde structuré par les rapports de force, face à un Occident demeuré utopiste, la stratégie d’influence chinoise s’est construite dans le temps. L’objectif était de devenir une puissance régionale, avant d’être un leader mondial. Lancées par Deng Xiaoping en 1978, les « Quatre modernisations » marquent le début de l’ère des réformes dans l’agriculture, l’industrie, les sciences et technologiques, la défense nationale. La Chine se cache derrière le multilatéralisme pour affirmer sa puissance.

Récusant la construction westphalienne, elle œuvre à instaurer un ordre régional sinocentré et se sert de grands projets comme l’initiative « Une ceinture, une route » pour y exercer son influence. Elle utilise aussi l’arme du prêt et des aides, et même de la corruption avec un certain cynisme. La Chine exerce une influence anti-occidentale et une lutte informationnelle systématique, notamment en Afrique, à travers le réseau des médias d’État. […]

Xi Jinping a réorganisé l’appareil de renseignement. Il est le grand ordonnateur de cette stratégie. Son discours de 2017 enjoint toute organisation et individu de collaborer aux missions de renseignement national, ce qui explique notamment le continuum entre renseignement d’État et expansion économique. […]

La Chine dispose de différents leviers politiques et de ressources considérables grâce à l’épargne chinoise. Le réseau diplomatique cible les ministres, chefs d’État et de gouvernement, tandis que le bureau de liaison du Parti communiste chinois se focalise sur les responsables politiques. En dix ans, Pékin a réalisé 79 visites officielles (Président, Premier ministre, ministre des Affaires étrangères) en Afrique.

Le département du travail du Front uni, relevant de la direction du PCC, recrute aussi des espions et infiltre la diaspora chinoise pour différentes missions (propagande, renseignement, influence). Comme les États-Unis, la Chine accorde aussi des bourses aux étudiants, offre des postes aux universitaires, des primes scientifiques, des offres de publications dans des revues spécialisées. Les agents du MSE peuvent harponner les Occidentaux sur LinkedIn via de faux comptes et de fausses propositions. […]

L’Opinio

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