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“Le premier désert médical français”: en Ile-de-France, à quelques kilomètres de la capitale, de nombreuses communes manquent de médecins, un phénomène paradoxal dans la région la plus riche et peuplée du pays, qui risque de s’accentuer dans les prochaines années.(…)

Auparavant richement dotée en praticiens, l’Ile-de-France perd des soignants : en 10 ans, elle a vu partir 2 000 médecins généralistes. Et le phénomène “concerne toutes les professions de santé, infirmiers, aides-soignants, manipulateurs radio…”, souligne M. Jaffre. [directeur de l’offre de soins à l’Agence régionale de santé (ARS)](…)

En Seine-Saint-Denis, premier département concerné avec 95 % du territoire “en tension”, la problématique n’est pas nouvelle. Dès 2011 des médecins ont voulu y remédier à Saint-Denis. Aux pieds d’une des grandes tours du Franc-Moisin, l’une des plus grosses cités du département, ils ont créé un centre de santé associatif, la “Place Santé”. (…)

Pour les 15 000 habitants du Franc-Moisin, la présence de généralistes est essentielle. Surtout “pour les personnes âgées, les mamans avec des enfants en bas âge” pour qui se déplacer est plus compliqué, explique Wassila, 35 ans, venue accompagner sa mère, Delloula. “Le médecin de quartier connaît les problématiques du quartier, les conditions de vie”.

Parmi les raisons évoquées pour expliquer une telle désertification : des conditions d’exercice parfois difficiles, avec une activité soutenue dans une région fortement peuplée où certains patients sont en situation de grande précarité. A cela s’ajoute la spécificité de la vie en Ile-de-France, le prix du logement, les transports, qui poussent certains soignants à partir. (…)

En plus des mesures mises en place à l’échelle nationale, le syndicat, l’ARS et les collectivités investissent donc dans les murs. 85 projets ont été soutenus ces deux dernières années, pour 15 millions d’euros. Mais, “pour relever le défi il faudrait presque qu’on soit à l’inauguration d’une maison médicale par semaine”, prévient M. Silberman [président de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS)]. (…)

A l’ARS, on a clairement conscience de l’enjeu. “Il faut un véritable plan Marshall”, “rendre attractif nos professions de santé en Ile-de-France”, dit Didier Jaffre. Des mesures sont à l’étude. L’ARS travaille avec le Conseil régional qui souhaite notamment construire 11 000 logements pour permettre aux soignants de se loger. Un ajustement sur la feuille de paie n’est pas exclu : “il faut qu’on reconnaisse, dans les rémunérations, la spécificité des professionnels de santé franciliens”, explique M. Jaffre. (…)

 

L’Obs

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