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Ils sont auteurs, metteurs en scène, comédiens et ont décidé de faire de la pédagogie. Grâce au théâtre et au débat, ils sensibilisent et écoutent des jeunes pour prévenir la radicalisation.

Ils ne reculent devant aucune réalité, ils sont là pour bousculer les certitudes. Ils ne jugent pas, ne moquent pas, ne sermonnent pas. Ils tapent fort et sonnent juste aux oreilles des adolescents devant lesquels ils se produisent. Avec leurs « gueules d’Arabes », comme disent certains d’entre eux, ces artistes auteurs, metteurs en scène et comédiens courent les collèges, lycées et centres culturels des quartiers populaires pour jouer leur spectacle devant un public jusqu’alors très éloigné de la chose théâtrale.

Islam, Coran, radicalisation… Quand d’autres se complaisent à brandir des épouvantails et à disserter sur des plateaux de télévision, eux font de la pédagogie et de la prévention sur les planches. Au plus près du terrain, y compris dans les prisons. Ils ne la ramènent pas, et pourtant, ce sont eux les plus éclairés sur cette jeunesse qu’une partie de la France ne connaît pas, ou mal. Et qu’elle craint.

Leurs pièces s’appellent Djihad, Géhenne, Lettres à Nour, J’ai rencontré Dieu sur Facebook, Ne laisse personne te voler les mots, Désaxé… Chacun à sa manière, ils se confrontent à ce que l’un d’eux appelle les « plaies ouvertes » d’une génération de jeunes qui leur ressemble, en rupture identitaire. Comme eux, la plupart ont grandi dans des cités, comme eux, ils sont issus de l’immigration, comme eux, certains ont été tentés par les voix les plus radicales de l’islam. Avec eux, ils racontent tout haut des histoires enfouies, en s’appuyant souvent sur leur propre trajectoire.

« Mon parcours est ancré dans un vécu proche du leur. Pour eux, c’est palpable, témoigne Hakim Djaziri, auteur et acteur de Désaxé. Un mec comme moi, ça va leur parler beaucoup plus qu’un Jean-Philippe. » Mu par l’obsession de « ramener le réel au théâtre », cet homme de 38 ans, qui a grandi à la cité des 3000, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), ne cache rien des colères qui l’ont longtemps habité et converti un temps à un islam de rupture.

Sur scène, il dit tout du déclassement de ses parents à leur arrivée en France – en Algérie, ils étaient haut fonctionnaire et psychologue, dans l’Hexagone, son père faisait les marchés et sa mère des ménages –, tout du « calvaire » de son premier jour de collège, à 12 ans, et des élèves de sa classe – « Il n’y avait pas un seul Blanc, que des Noirs et des Arabes » – qui ont moqué sa « tenue de blédard » et en ont fait leur « tête de Turc ». Le motif ? Il était bon élève.

(…) Le Monde

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