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[…] Depuis quelques années, de plus en plus de femmes du sud du Sénégal consomment un produit, qu’elles surnomment « tabac » en raison de sa composition. Au-delà du Sénégal, le « tabac » serait désormais exporté en France et dans certains pays frontaliers, si l’on en croit plusieurs habitants de Sédhiou. Une salariée de l’Unesco, qui a travaillé à Dakar durant plusieurs années, assure qu’il serait notamment vendu à Bordeaux.

« Pour le produire, il faut piler des feuilles de tabac et deux autres plantes, le kankouran mano et le koundinding, jusqu’à obtenir une poudre. Ensuite il faut mélanger le tout, rajouter un peu d’eau et laisser reposer. Puis nous mettons le produit dans des petits sachets en plastique : c’est très rapide », détaille l’une d’elles. D’autres disent que de la soude serait aussi ajoutée. […] […] Au-delà de ses supposées vertus médicinales, leur produit serait aphrodisiaque, puisqu’il permettrait aux femmes de se procurer un certain bien-être lorsqu’elles sont seules. « Quand elles l’utilisent, c’est comme si elles faisaient l’amour avec un homme. Donc après, elles n’ont plus envie d’avoir de rapports sexuels avec leurs maris », racontent-elles en gloussant, Mais au-delà des problèmes conjugaux causés par le produit, c’est surtout son impact sur la santé des femmes qui inquiète. Ngima Coly, une sage-femme de Sédhiou, estime que la consommation du « tabac » s’est considérablement développée depuis qu’elle l’a découvert, en 2010 : « Quand j’examine des femmes qui l’utilisent, je vois un produit noirâtre accolé à leurs parois vaginales. Je constate cela presque tous les jours, y compris chez les jeunes, alors qu’auparavant c’étaient surtout des femmes assez âgées qui consommaient ce produit. » […]

Le « tabac » est désormais arrivé à Dakar, où il a attiré l’attention de Cheikh Ameth Tidiane Diarra, un gynécologue-cancérologue de l’Institut Curie. L’utilisation de ce produit reste toutefois beaucoup plus marginale dans la capitale, puisque ce sont essentiellement des femmes originaires de Casamance qui l’achètent ou le vendent. Le docteur Diarra explique qu’il pourrait exister une corrélation entre l’utilisation de ce produit et les cancers du vagin […] lui aussi exhorte les femmes « à ne pas mettre n’importe quoi dans leur vagin ». De son côté, le ministère de la santé dit avoir connaissance du produit mais n’a entrepris aucune étude à ce sujet. […]

Le Monde

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