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Présenté en compétition au Festival de Cannes, “Le jeune Ahmed” sort mercredi 22 mai dans les salles. Fidèles à eux-mêmes, Luc et Jean-Pierre Dardenne, dans Le jeune Ahmed, décrivent avec une sobriété de chaque instant le parcours d’un guerrier de 13 ans qui, obnubilé par son idéologie obscurantiste, semble prêt à mourir pour « servir » cette dernière. Résultat : un film important qui regarde droit dans les yeux une certaine réalité contemporaine. Avant la sortie du Jeune Ahmed dans les salles ce mercredi, rencontre avec ses auteurs.

Luc Dardenne : Nous avons été profondément marqués par les attentats qui, entre autres, ont ensanglanté la France et la Belgique. Il n’a jamais été question pour nous de mettre en scène les préparatifs ou la réalisation d’attentats spectaculaires de ce genre, mais de nous intéresser à une sorte de djihad de proximité, « domestique », tout aussi signifiant sur notre époque que ceux perpétrés contre Charlie Hebdo ou le Bataclan.

Luc Dardenne : En préparant le film, nous avons hésité, mais il nous paraissait improbable qu’un personnage radicalisé de 18 ou 20 ans puisse, si tant est que cela soit possible, sortir du fanatisme. Mettre en scène les hésitations d’un combattant plus âgé aurait relevé d’un angélisme obscène.

Jean-Pierre Dardenne : Nous avons alors imaginé un personnage plus jeune, à peine sorti de l’enfance. Avec lui, dans une certaine mesure, nous pouvions imaginer un parcours où le fanatisme, peut-être, pouvait encore trembler.

Dès le début du film, Ahmed est radicalisé. Vous n’expliquez que progressivement, sans rien excuser, les raisons qui l’ont poussé à s’engager dans cette voie.

Luc Dardenne : Nous avons toujours souhaité aborder frontalement la question de l’endoctrinement religieux et de ses conséquences. Quelques films ont déjà traité des liens entre la radicalisation et les considérations socio-économiques, dont un remarquable, La désintégration, de Philippe Faucon, mais là n’était pas notre sujet.

Jean-Pierre Dardenne. Tout le film est en rapport avec l’obsession de la religion, de l’identité et de la pureté. Pour Ahmed, endoctriné par son imam, la mort est une « piqure de moustique » et le film donne à voir le parcours de ce gamin qui rechigne à se laisser contaminer par l’impureté, la seule chance, pourtant, pour que ses victimes potentielles et lui-même échappent au pire

Luc Dardenne. Ahmed est plus radical encore que l’imam sur cette question de la pureté. Pendant la préparation du film, nous avons consulté beaucoup de sites radicaux et l’on s’est aperçu que les plus jeunes adeptes étaient souvent les plus demandeurs sur les thèmes du péché ou du paradis. […]

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