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Depuis trois semaines, S. et J.*, étudiants en architecture, jettent des “regards furtifs” en sortant de chez eux. Le soir de l’incendie de Notre-Dame, ils ont été photographiés, sourire aux lèvres, avec dans leur dos la cathédrale en feu. Une “avalanche” de haine à leur encontre a aussitôt déferlé sur internet.
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Pourquoi les deux amis sourient-ils sur la photo devenue virale ? “Au moment de passer sous la glissière [le ruban de balisage délimitant le périmètre de sécurité], elle m’est revenue dans le visage. Ça nous a fait sourire”, affirme S.

“Notre-Dame, on l’a visitée, on l’a photographiée, on l’a étudiée, on l’a modélisée en 3D, donc comment aurions-nous pu nous réjouir de l’incendie?”, poursuit-il. “En tant qu’étudiants en archi, voir un bijou de l’architecture brûler, ça nous a fait quelque chose.”

Pour prouver sa bonne foi, l’étudiant tourne l’écran de son smartphone et montre des messages envoyés à un proche sur Snapchat pendant l’incendie de Notre-Dame :

-“Je suis sur le cul là. J’ai vu la flèche s’effondrer”, écrit-il dans un de ces messages.

Leur avocat, Me Boris Rosenthal, dit avoir envoyé une “quinzaine” de mises en demeure pour “atteinte au droit à l’image” à des sites ayant publié la photo de ses clients.

Sur l’une d’elles, consultée par l’AFP, il déplore une “avalanche de fake news” à leur encontre. “Certains internautes ont manifesté la volonté de retrouver mes clients et les ont menacés de représailles”, ajoute-t-il, soulignant qu’ils sont “parfaitement identifiables” sur le cliché leur ayant valu un déferlement de haine, partagé au moins 50.000 fois sur le seul réseau social Facebook.
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S. s’inquiète notamment d’être “reconnu” lors d’un entretien pour un stage. “Ça peut être une raison de ne pas nous prendre”, redoute-t-il.

Depuis trois semaines, J. et lui font attention à ne pas trop se montrer ensemble, et tâchent de ne pas s’habiller comme sur la photo du soir de l’incendie. “Je jette des regards furtifs en sortant de chez moi”, confie S., qui craint qu’un “cinglé” puisse s’en prendre à lui.

Il y a quelques jours, les deux amis ont aperçu des caméras de France 3 et BFMTV dans la rue ; ils ont préféré “esquiver” par peur d’être reconnus.

AFP Factuel

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