Dans une émission de télé très populaire en Afrique, le premier campe un président, le second son conseiller blanc, « parce qu’en Afrique, les présidents ont forcément un conseiller blanc », sourit Mamane. Cet humoriste et producteur originaire du Niger, et Jérémy Ferrari, son homologue français, ne sont pas associés seulement sur le petit écran. Le duo a décidé en 2017 de créer « Sans visa », une soirée annuelle pour populariser l’humour africain en France.
Les deux hommes en sont convaincus : après la vague de comiques belges, canadiens ou suisses, les artistes africains seront les prochains à percer en France.
Depuis trois ans, Ferrari se rend fréquemment en Afrique. (…) Niveau thèmes abordés, « sexualité, politique, religion, on peut parler de tout, faut juste être drôle », évacue Mamane. « C’est génial d’entendre les Africains parler des femmes, par exemple, embraye Jérémy Ferrari. On pense, vu de France, que c’est une société très macho alors que c’est très matriarcal. Si je fais une blague sur l’esclavagisme, pas de problème, mais quand je fais une blague sur ma mère… C’est chaud ».
« On les aide à garder leur africanité tout en parlant au plus grand monde. On n’essaye pas de franciser le propos », avertit Ferrari. « On nous a déjà piqué le cacao, l’uranium, les footballeurs… On ne veut pas qu’on nous pique les humoristes , enchaîne Mamane. De toute manière, un humoriste, c’est comme un poisson : tu le sors de l’eau, tu le sors d’Afrique, tu l’amènes ici à Paris, il ne sera plus en lien avec la réalité des gens qu’il dépeint sur scène. »
