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Les rabat-joie diront que l’image est floue et pas très jolie. Il n’empêche, la première image d’un trou noir, révélée ce mercredi, enthousiasme les astrophysiciens Alain Riazuelo et Nathalie Deruelle. Ils nous expliquent pourquoi.

Un rond sombre au milieu d’un disque flamboyant. Pour la première fois de l’histoire de l’astronomie, une équipe de scientifiques a révélé mercredi la véritable image d’un trou noir. Celui niché au cœur de la galaxie M87, située à environ 50 millions d’années-lumière de la Terre.

La prouesse est à mettre au crédit du projet international baptisé Event Horizon Télescope (EHT). Il a consisté, en avril 2017, à synchroniser parfaitement huit radiotélescopes répartis autour du globe, de manière à en faire un télescope virtuel qui a ensuite été braqué sur le fameux trou noir.

Deux ans plus tard, les premières images ont été dévoilées ce mercredi au cours d’une conférence savamment orchestrée. Cela valait le coup, assurent les astrophysiciens Alain Riazuelo, de l’Institut d’astrophysique de Paris, et Nathalie Deruelle, du laboratoire Astroparticule et cosmologie. […]

Pourquoi EHT n’a pas vraiment photographié un trou noir ?

Pour le comprendre, il faut commencer par expliquer ce qu’est un trou noir. « C’est une région de l’espace dont le champ gravitationnel est tel que vous ne pouvez pas y échapper, décrit Alain Riazuelo. Par exemple, pour quitter la Terre afin d’aller sur la Lune, il faut atteindre une vitesse de 11,2 km par seconde. A la surface d’un trou noir, la vitesse qu’il faudrait atteindre pour lui échapper serait supérieure à 300.000 km par seconde, soit la vitesse de la lumière. Or, si même la lumière ne peut s’échapper, rien d’autre ne peut le faire. »

Le tout donne un objet céleste d’une masse extrêmement importante dans un volume très petit. Et par définition invisible, puisque rien ne peut s’en échapper. Ni matière, ni lumière, ni onde radio. Autrement dit, Event Horizon Télescope n’a pas photographié un trou noir, mais le disque d’accrétion, c’est-à-dire la matière – du gaz extrêmement chaud et composé de restes d’étoiles déchiquetées – qui entoure le trou noir. Tant qu’elle n’a pas été avalée, cette matière est observable. C’est ce disque flamboyant que l’on aperçoit sur la photo et qui permet, par contraste, d’observer le trou noir.

Pourquoi ce cliché fera date dans l’histoire de l’astronomie ?

Certes, l’image est floue, pas très jolie même. Alain Riazuelo le concède mais invite davantage à se focaliser sur la prouesse technologique qui a permis de l’obtenir. « Imaginez un télescope qui serait capable de vous montrer depuis la Terre l’empreinte des pas de Neil Armstrong sur la Lune…, commence-t-il. C’est un défi comparable à celui relevé par l’EHT pour réaliser cette première image d’un trou noir. »

C’est toute la difficulté avec les trous noirs. Ceux qui ne sont pas trop « petits » pour être observés dans les détails sont situés très loin de nous. « Le projet EHT avait aussi tenté de capter des images d’un deuxième trou noir, Sagittarius A*. Il est bien moins loin car situé dans notre galaxie, à 26.000 années-lumière, raconte Nathalie Deruelle. Paradoxalement, Sagittarius A* est plus compliqué à observer car mille fois plus petit que le trou noir de M87. Sa masse est de 4,1 millions de fois celle du Soleil, contre 6 milliards pour le deuxième. Et parce qu’il est tout petit, il est aussi très instable, ce qui complique la possibilité d’en capter une image nette. » « A l’inverse, le trou noir de M87, même si vous l’observez à quelques jours d’intervalle, vous allez voir rigoureusement la même chose », complète Alain Riazuelo.

[…] Suite et source : 20 Minutes

Merci à : Bienveillant-Ratatineur-d’Électrons

 

 

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