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[…] Deux autorités se disputent depuis des années le pouvoir dans ce pays en proie au chaos : à l’ouest, le GNA, dirigé par Fayez al-Sarraj, établi fin 2015 par un accord parrainé par l’ONU et basé à Tripoli. À l’est, une autorité rivale contrôlée par l’Armée nationale libyenne (ANL), autoproclamée par le maréchal Khalifa Haftar.

« L’heure a sonné », a déclaré le maréchal, ordonnant aux troupes qui lui sont loyales « d’avancer » sur Tripoli dans un message sonore diffusé jeudi sur la page Facebook du « bureau des médias » de l’ANL, promettant d’épargner les civils, les « institutions de l’État » et les ressortissants étrangers.

Les forces de l’ANL sont « aux portes de la capitale », a affirmé en soirée le général Ahmad al-Mesmari, porte-parole de l’ANL. […]

Cette montée des tensions a coïncidé jeudi avec le deuxième jour de la visite dans le pays du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.

M. Guterres a adressé un « appel ferme » pour « l’arrêt de tous les mouvements militaires, (…) à la retenue, au calme et à la désescalade, à la fois militaire et politique », a-t-il dit au cours d’une conférence de presse à Tripoli. « Il n’existe pas de solution militaire en Libye. La solution doit être politique », a-t-il répété. M. Guterres, qui a rencontré M. Sarraj hier à Tripoli, devrait rencontrer aujourd’hui le maréchal Haftar dans l’est. La délégation de l’Union européenne et les chefs des missions diplomatiques européennes ont également mis en garde contre l’« escalade », dans un communiqué commun.

L’opération annoncée par l’ANL intervient à quelques jours de la tenue d’une conférence nationale sous l’égide de l’ONU, prévue mi-avril à Ghadamès et destinée à dresser une « feuille de route », avec notamment la tenue d’élections afin de tenter de sortir le pays de l’impasse.

Aucun des efforts diplomatiques de l’année écoulée n’a permis de percée. Selon Emad Badi, un analyste libyen, l’avancée des troupes du maréchal Haftar peut lui permettre de « valoriser sa position au niveau des négociations, si la conférence de Ghadamès se tient ».

Mais l’analyste fait aussi état d’une « coordination accrue » entre les factions de l’ouest libyen, qui « considèrent toutes que Haftar est une menace commune ». « Le risque d’embrasement est accru », juge pour sa part Jalel Harchaoui, chercheur à l’Institut Clingendael de La Haye. « Prendre Tripoli n’est assurément pas une tâche facile, mais cela reste une possibilité » pour le maréchal Haftar, appuyé par différents pays du Golfe, avance-t-il, faisant allusion aux Émirats arabes unis, à l’Égypte et à l’Arabie saoudite, où il a été reçu fin mars par le roi Salmane.

L’Orient-Le Jour

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