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“Sauvons le clitoris planétaire”

Paul B. Preciado était invité au micro d’Augustin Trapenard. Pour sa carte blanche, il a offert aux internautes un texte inédit, avec lequel il revient sur la “Marche du siècle”, la manifestation pour le climat qui a eu lieu ce samedi. Pour lui, c’est par la fragilité que la révolution est en œuvre…

“Nous avons appris depuis 1955 et avec Rosa Parks que les sièges de transport en commun sont politiquement plus dynamiques que les chaises parlementaires.

Samedi dernier, j’ai assisté dans le métro de République à une scène qui pourrait bien être comparée en termes d’efficacité performative pour construire un sujet politique à celle où la citoyenne Parks a refusé de laisser sa place à un passager blanc dans un bus de l’Alabama. Samedi dernier, dans un wagon de métro rempli principalement d’hommes d’âge moyen et blancs revenant de la manifestation de gilets jaunes, une adolescente tenait une pancarte dans laquelle on pouvait lire :

Vous gérez nos clitoris aussi mal que la planète.

Devant les rires et les commentaires plus ou moins grotesques des gilets jaunes, l’adolescente non seulement n’a pas abandonné sa position, mais a gardé sa pancarte visible et hissée à tout moment, jusqu’à ce que les hommes blancs se taisent.

Le fait que l’adolescente n’était pas blanche et que son slogan établissait une relation directe entre la gestion de la sexualité et la gestion écologique parle de l’émergence d’un nouveau mouvement transféministe et anticolonial planétaire qui place au centre de la lutte le droit de tout corps (vivant) à jouir de sa condition de vivant. Sauvons le clitoris planétaire. Si le féminisme disait “le personnel est politique”, il faudrait maintenant dire que “le corporel (somatique) est planétaire”.

Figure subalterne et proie des institutions de normalisation sexuelle et de genre, de la famille et de l’école, cible centrale à la fois des processus d’expropriation sexuelle et d’exploitation capitaliste, la fille s’élève maintenant comme le nouveau corps planétaire conscient.

La fille que j’étais [NDLR : avant de signer Paul B. Preciado, l’auteur de l’article signait Beatriz] saute de joie dans ma poitrine et se joint au combat. Désertons la guerre des samedis et sa logique nécropolitique. Et rejoignons la grève des filles les vendredis car

nous sommes plus chaudes que le climat.

Source : France Inter

Merci à : Léon Klakmuf

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