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CHRONIQUE. Au nom d’une discrimination positive devenue folle, des physiciens se voient cloués au pilori, sans rapport aucun avec leur compétence scientifique. Par Peggy Sastre

L’ère de l’investigation scientifique factuelle est-elle terminée ? Dans les labos, la frontière entre discrimination positive et harcèlement idéologique ne cesse de s’effacer. Mais privilégier les opinions et l’identité des scientifiques à la qualité de leurs recherches entrave des carrières et génère de véritables persécutions.

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Préjugés idéologiques

Il y a quelques semaines, dans le cadre d’une enquête en cours sur le darwinisme contemporain, deux chercheurs français en sciences cognitives m’ont demandé le « off » pour une raison similaire : apparaître nommément dans Le Point, publication jugée trop « à droite », équivaudrait à se tirer une balle dans le pied auprès de leurs collègues et étudiants. Le souci, c’est qu’il est très difficile de ne pas comprendre – voire de donner tort – aux scientifiques préférant se cacher ou changer de pays pour ne pas avoir à subir les foudres de l’orthodoxie morale contemporaine. Alessandro Strumia, professeur de physique des particules à l’université de Pise et entre autres coauteur de l’étude sur la découverte du boson de Higgs, en est l’une des toutes dernières victimes.

Le 28 septembre 2018, au Cern (Genève), le physicien intervient dans un séminaire intitulé « Théorie des hautes énergies et genre ». Œuvrant depuis plusieurs mois à la conception d’algorithmes visant à améliorer le système d’évaluation des publications scientifiques, Strumia profite de sa conférence pour présenter des données bibliométriques – internationales et courant sur un demi-siècle – relatives à l’autorat et à l’embauche en physique fondamentale. Selon ses calculs, elles permettent d’attester d’un fait somme toute réjouissant : les femmes ne sont pas victimes de discriminations sexistes dans sa discipline. Des observations cohérentes, par exemple, avec un grand rapport publié en octobre 2014 par l’Association américaine de psychologie scientifique (APS) qui concluait que, « malgré de fréquentes affirmations contraires », la « neutralité de genre » – les chercheurs sont jugés en fonction de leurs compétences, pas de leur identité – est la règle en physique, comme en géosciences, ingénierie, économie, mathématiques et sciences informatiques. Soit autant de champs scientifiques où les hommes sont en général beaucoup plus nombreux que les femmes et que l’on soupçonne, pour cela, de carburer aux « discriminations systémiques ». Selon Strumia, une telle appréciation tiendrait davantage d’un préjugé idéologique empreint de « marxisme culturel » que d’une réalité tangible et mesurable. Si discrimination il y a, Strumia observe qu’elle serait plutôt favorable aux femmes, qui obtiennent en moyenne des postes plus tôt dans leur carrière et avec moins de publications et de citations que leurs collègues mâles.

Deux jours plus tard, la chasse est lancée sur Twitter. Jessica Wade, physicienne affiliée à l’Imperial College de Londres et militante engagée pour une plus grande participation féminine dans les STEM (acronyme de « science, technology, engineering and mathematics »), accuse Strumia (qu’elle identifie à tort comme le directeur du département de physique théorique du Cern) d’avoir déroulé un exposé « sexiste » dans lequel il aurait argué de l’infériorité des femmes physiciennes (une autre contre-vérité, et non des moindres). Après des centaines de likes et retweets, Wade en vient à susciter une réaction de Marika Taylor, l’une des organisatrices du séminaire, qui confirme que la présentation de Strumia était pleine d’« attaques personnelles », de « faits erronés », et traduisait un « manque de professionnalisme patent ». Taylor, par ailleurs directrice du département de mathématiques appliquées de l’université de Southampton, annonce l’imminence de plaintes officielles.

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Le Point

(Merci à la Rune de Chantilly)

 

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