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La première journée nationale des femmes a été célébrée aux États-Unis en 1909 à l’initiative du Parti socialiste américain, rapporte le site officiel de l’ONU. Selon Mathilde Larrère, « cette maternité a été contestée par un certain nombre d’historiennes spécialisée dans l’histoire des femmes. En disant que cette première journée nationale du droit des femmes américaines ne correspond pas à ce qui va se passer par la suite. C’est en fait une nouvelle origine que l’on cherche. Une origine qui ne serait pas russe, donc qui ne serait pas soviétique. C’est ce désir de couper les liens avec l’internationale et ensuite de la révolution russe. On lui invente une maternité plus neutre et donc plus occidentale, surtout avec cette manifestation américaine. »

De quelles luttes le 8 mars est-il l’héritage ?

Le 8 mars est directement l’héritage de luttes féministes qui sont nées au cœur du mouvement ouvrier. À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, le mouvement féministe a pris une orientation nouvelle autour des suffragettes et avec une revendication phare qui est le droit de vote. Mais il s’agit surtout de femmes bourgeoises, ce qui a pour conséquence d’éloigner le mouvement ouvrier du mouvement féministe. Ce dernier devenant bourgeois tandis que le mouvement ouvrier abandonne ses accents féministes. Les femmes au cœur du mouvement ouvrier veulent essayer de redonner un essor à un féminisme qui serait un féminisme ouvrier. À la tête de cette tentative de réconciliation, Clara Zetkin. Cette socialiste allemande crée l’Association internationale des femmes qui est liée à l’Association internationale des travailleurs (AIT). Et elle propose, dès le début du XIXe siècle, que l’on crée une journée internationale des droits des femmes. De la même façon qu’il existe une journée internationale des travailleurs le 1er mai. Ce qu’elle arrache en 1910 à l’AIT. La première édition de cette journée internationale de lutte pour les droits des femmes a donc lieu en 1911.

Pourquoi a-t-on gardé la date du 8 mars ?

Cette première édition n’a pas lieu le 8 mars, mais intervient plus tard durant le mois et porte à la fois les revendications qui sont celles du mouvement des suffragettes, mais aussi celles concernant le droit du travail qui sont plus spécifiques au mouvement féministe ouvrier. À l’arrivée de la guerre, ces journées internationales des droits des femmes se parent de revendications pacifistes permettant ainsi une réconciliation entre la branche bourgeoise et la branche ouvrière. Au cœur de la guerre en Russie, en 1917, les femmes ouvrières décident, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, d’organiser une journée de manifestation pour le pain et la paix. Les femmes russes de Saint-Pétersbourg organisent cette journée et choisissent pour ce faire le 8 mars dans notre calendrier (calendrier grégorien), mais qui à ce moment-là pour les Russes est le 23 février (calendrier julien). Le même jour, les bourgeoises décident aussi de manifester pour le droit de vote. À Saint-Pétersbourg, une très grande manifestation de femmes à laquelle les hommes ne participent pas, ou simplement à la marge en acclamant, a donc lieu. Les ouvriers vont, ensuite, poursuivre la mobilisation mais dans un processus de radicalisation des revendications qui s’élèvent très vite contre le Tsar, la guerre et plus généralement l’autocratie. Au bout de quelques jours, le Tsar est renversé et c’est la révolution de février 1917.

C’est donc le socialisme qui est à l’origine de cette journée ?

Le 8 mars étant le premier jour de la révolution russe il est à la fois fêté pour cela en Russie, mais aussi en tant que journée internationale des droits des femmes dans la continuité de cette tradition du féminisme ouvrier. Pendant très longtemps, le 8 mars a été une journée qui était fêtée uniquement dans les pays du bloc soviétique, ou bien dans les milieux communistes ou de gauche. Cela change à partir des années 1960 avec la naissance de ce que certains appellent le féminisme de « deuxième vague » qui se structure autour du mouvement de mai 68. Dans un contexte d’essor du féminisme, du droit à l’IVG… L’ONU déclare d’abord une année internationale sous le signe du droit des femmes et décide, en 1977, de créer une journée internationale des femmes qui n’est donc plus spécifiquement communiste mais qui serait propre à tous les pays. La France l’adopte en 1982 et opte pour l’appellation « journée des droits de la femme ». Ce qui n’est pas le terme entériné par l’ONU qui le décline au pluriel.

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Source : L’Union

Merci à : Blancs-sous-Rouges-rien-ne-bouge

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